Une définition en quelques mots
Pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 100.000 Belges collaborent avec l'occupant allemand, principalement pour des raisons personnelles ou politico-idéologiques. Cette collaboration implique une coopération délibérée et volontaire afin de soutenir la politique et les objectifs de l'occupant, ce qui les distingue des Belges contraints de coopérer en raison de leur position ou dans l'intérêt général. Après la guerre, les collaborateurs nationalistes flamands parviennent à convaincre une partie de l'opinion publique en Flandre de leurs bonnes intentions. L'héritage de la collaboration devient un sujet de débat communautaire.
Principaux articles
Collaboration : Flandre - Wallonie
Collaboration politique
Divers mouvements politiques cherchent à atteindre leurs objectifs politico-étatiques avec le soutien de l'occupant, ce qui signifie qu’ils se soumettent à Hitler et adoptent l’idéologie nationale-socialiste.
Le VNV (het Vlaams Nationaal Verbond)
En 1940, ce parti nationaliste flamand abandonne son programme pour s’engager dans une collaboration inconditionnelle, dans le but de devenir le parti national-socialiste unique en Flandre. A cette fin, il coopère étroitement avec l’occupant sur tous les fronts et recrute des soldats pour l'effort de guerre allemand, en particulier sur le front de l'Est.
Le DeVlag
Le courant Duits-Vlaamse Arbeidsgemeenschap (DeVlag), qui vise à intégrer la Flandre à l'Allemagne dans le cadre d’un Grand Reich allemand, obtient le soutien de la SS allemande et contribue, à l’été 1944, à l’éviction du VNV à son profit.
Rex
Ce parti populiste de droite, dirigé par Léon Degrelle, se transforme rapidement en un parti pro-allemand en Belgique francophone. Il soutient également la lutte sur le front de l'Est.
Arbeidsorde - Dietse Militie/Zwarte Brigade - Hilfsfeldgendarmerie - Mouvement des Femmes rexistes/Foi dans la Vie - Veiligheidskorps DeVlag - Vlaams Nationaal Vrouwenverbond - Flamands au sein du Sicherheitsdienst-Sicherheitspolizei - Belges flamands/francophones dans l'Abwehr – Direction wallonne – Zivilfahndungsdienst / Formations A
Collaboration militaire
Cet engagement au sein de l'armée allemande ou d’une formation armée de collaboration est encouragé par les partis politiques de collaboration. Cependant, de nombreux collaborateurs militaires, qu’ils soient apolitiques ou motivés par des raisons personnelles, rejoignent également ces forces. La plupart d’entre eux se retrouvent sur le front de l'Est, tandis que de nombreux Belges servent également dans diverses unités auxiliaires militarisées au service de l’occupant ou dans les forces de police allemandes.
Fabriekswacht / Vlaamse Wacht Brigade / Vlaamse Flakbrigade - Sturmbrigade / Division Langemarck - Sturmbrigade Wallonien - Vlamingen in Kriegsmarine – Flamands/francophones au sein de l’Organisation Todt - Flamands/francophones au sein du Nationalsocialistisches Kraftfahrkorps
Collaboration administrative
La collaboration administrative est largement répandue au sein des administrations communales et provinciales, ainsi que dans les forces de police et les organisations de contrôle socio-économique. Pour les administrateurs qui refusent de servir l'occupant, la limite entre la coopération autorisée par la loi et la collaboration administrative est mince.
Collaboration culturelle
Ce terme générique englobe des peintres, des sculpteurs, des écrivains, des musiciens, des acteurs, des cinéastes, des journalistes, des scientifiques, des intellectuels et des sportifs qui mettent leurs activités au service de l’occupant et de ses collaborateurs, pour diverses raisons. Les forces d'occupation soutiennent activement les activités culturelles qui favorisent la coopération avec l'Allemagne.
Journées culturelles germano-flamandes - Conseils culturels provinciaux et Conseil culturel interprovincial - Arts de la scène - Sport
Collaboration intellectuelle
Tant dans le sud que dans le nord du pays, des intellectuels décident également de s'associer aux médias (magazines, journaux, radio) qui dépendent de la Propaganda-Abteilung.
Collaboration économique
Là où il s'agit, selon le Code pénal belge, de fournir des biens et des services à l'occupant, la réalité montre un paysage complexe où des chefs d'entreprises et des banquiers belges peuvent, sous les conditions de ce que l’on appelle la doctrine Galopin, faire des affaires avec l'occupant.
Industrie et commerce - Emploi
Délation
Pour des raisons politiques, administratives ou simplement personnelles, il arrive souvent que des informations soient fournies à l’occupant, mettant ainsi en danger des concitoyens en les exposant à des persécutions en tant que résistants, réfractaires et diverses autres catégories de clandestins tels des Juifs, des pilotes alliés et des agents secrets brûlés.
Composantes sociologiques
Collaboration de la jeunesse
Chaque parti collaborateur a ses propres mouvements de jeunesse qui reçoivent un soutien financier de la Hitlerjugend (HJ) allemande et obtiennent le monopole de l’encadrement de la jeunesse en Belgique occupée. A la fin de leur adolescence, les collaborateurs reçoivent une formation militaire préparatoire afin de les préparer à la collaboration militaire.
Algemeen Vlaams Nationaal Jeugdverbond - Dinaso-Jongeren - Jeunesse rexiste / légionnaire - Nationaal-Socialistische Partij in Vlaanderen - Vlaamse Hitlerjeugd- Vlaamse Jeugd
Acteurs
Cantons de l'Est
L'après-guerre et l'image de la collaboration
Après la guerre, lors de la crise de la question royale, une représentation très politisée se dessine le long de la ligne de fracture communautaire. À partir des années 1950, le nationalisme flamand utilise la revendication d'amnistie pour les collaborateurs comme point de discorde. Dans l'esprit du public, la collaboration devient dès lors associée à la Flandre, tandis que la Belgique francophone se considère comme le symbole de la résistance et relègue la collaboration de Rex au second plan. Cette polarisation est souvent source de tensions politiques.