En direction de Malines...
Max Bloch - Malines
Institution : Historische Huizen Gent
Collection : Exposition: "Gekleurd Verleden. Familie in oorlog"
Droits d'auteur : Historische Huizen Gent
Max Bloch, un Juif de Bruxelles, a bien de la chance. Après avoir passé quelques jours à la caserne Dossin en septembre 1943, il est transféré avec quelques autres au couvent des pères de Scheut. Le régime y est moins strict et les détenus n'y sont pas surveillés par la Gestapo. En février 1944, Max Bloch est libéré, suite à des mesures spéciales quelque peu floues. D'autres membres de sa famille ont moins de chance.
La Pâtisserie Alsacienne dans la Veldstraat de Gand
Avant que la guerre n'éclate, Rodolphe – le fils de Max – exploite la Pâtisserie Alsacienne que possède sa belle-mère Sophie dans la Veldstraat à Gand. Les affaires vont bien pour la boulangerie Bloch. Rodolphe décide pourtant, lors de l'invasion des Allemands en mai 1940, de se réfugier en Amérique avec sa femme Alice et ses enfants Jacques et Nicole, en passant par l'Angleterre. Sophie et Margot, la mère et la sœur d'Alice, sont censées partir elles aussi. Mais Sophie change d'avis juste avant le départ. Elle a connu l'occupation allemande pendant la Première Guerre mondiale, et ça ne s'était pas passé trop mal. Margot, entre-temps, a déjà fui en France mais ne parvient pas à rejoindre Rodolphe à temps. Le bombardement de la gare de Courtrai l'empêche de poursuivre son chemin. En septembre 1940, elle est bien forcée de rentrer à Gand. Guerre ou pas guerre, elle continue d'exploiter la pâtisserie avec sa mère.
Dans un premier temps, Max Bloch n'est pas trop d'accord avec le départ de son fils. Les Allemands, soutient-il, sont des gens aimables et Rodolphe aurait dû rester à la pâtisserie. C'est que les affaires vont toujours bien : Max doit même régulièrement donner un coup de main au magasin. Max insiste pour que son fils rentre immédiatement au pays ; preuve qu'au début de l'Occupation, il existe, pour les Juifs, une forme de normalité trompeuse.
Les mesures antijuives
Mais très vite, les mesures allemandes dirigées contre les Juifs commencent à se multiplier en Belgique. Dès 1940, les Juifs doivent s'inscrire dans un registre spécial. Au printemps de 1941 ils doivent porter une étoile et déclarer toutes leurs entreprises, toutes leurs possessions meubles et immeubles. Ils sont privés, petit à petit, de leurs moyens de subsistance.
En août 1942, Margot et son époux reçoivent un Arbeitseinsatzbefehl. D'après les instructions qui leur sont données, ils doivent se présenter à la caserne Dossin à Malines avec des vêtements de travail et des provisions pour aller travailler en Allemagne. Ils répondent à la convocation, car Margot veut prouver que les Juifs, contrairement à ce qu'on raconte, sont disposés à travailler. Max n'entend plus parler d'eux. En réalité, ils sont déportés à Auschwitz avec le troisième convoi et n'ont pas survécu.
La vie à la pâtisserie devient insupportable
Ce même été 1942, l'occupant allemand met la pâtisserie sous séquestre. Un Allemand est désigné administrateur provisoire et envoie Sophie habiter au deuxième étage de l'immeuble. La vie à la pâtisserie devient insupportable. Peu à peu, Sophie se retrouve totalement isolée et finit par comprendre ce qui la menace : elle met ses biens en sécurité chez des amis.
Quelques mois plus tard, les Allemands mettent l'affaire en vente. Plusieurs candidats à l'achat renoncent quand Sophie leur apprend ce qui s'est passé. Un certain Paul Verhelst de Courtrai, qui sympathise avec les Allemands, a moins de scrupules et reprend l'affaire.
La déportation
En janvier 1943, Sophie veut rendre visite à sa famille à Bruxelles. Dès qu'elle arrive dans la capitale, elle est arrêtée par la Feldgendarmerie. Elle est, elle aussi, déportée de Malines à Auschwitz et ne reviendra pas. Le même jour, Verhelst – nouvel exploitant de l'affaire – se promène dans la Veldstraat avec le chien de Sophie.
Entre 1942 et 1944, 28 convois déportent plus de 25.000 Juifs de Belgique à Auschwitz. Cinq pour cent seulement d'entre eux survivent. Max Bloch échappe par miracle à la déportation. Quand il est libéré en février 1944, il découvre que son linge de maison et son argenterie ont disparu. Mais là encore, il a bien de la chance : d'autres retrouveront leur maison pillée de la cave au grenier.
Après la guerre, Rodolphe revient de New York et poursuit, à Gand, l'exploitation de la boulangerie Bloch. En 1958, son fils Jacques reprend le flambeau. Il ferme en 2008, après plus de cent ans, la célèbre boulangerie de la Veldstraat à Gand.
Bibliographie
De Wever, Bruno, Martine Van Asch, and Rudi Van Doorslaer, eds. “Getuigenis Max Bloch.” In Gekleurd Verleden: Familie in Oorlog, 147–56. Tielt: Lannoo, 2010.
Verschooris, Marc. “On Bloque Les Comptes, on Compte Les Bloch.” In Gekleurd Verleden: Familie in Oorlog, edited by Bruno De Wever, Martine Van Asch, and Rudi Van Doorslaer, 156–62. Tielt: Lannoo, 2010.