Belgique en guerre / Personnalités

Demoen Rika

Thème - Collaboration

Auteur : Cachet Tamar (Institution : Historienne (UGent))

Pour citer cette page

Qu'est-ce que ces filles ont fait de mal?

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Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : CegeSoma
Légende d'origine : Wervik - Bevrijding (sept. 1944). (Gift Leopold Boelen april 1977).

Rika Demoen - Libération

Institution : Historische Huizen Gent
Collection : Exposition: "Gekleurd Verleden. Familie in oorlog"
Droits d'auteur : Historische Huizen Gent

La guerre éclate

Rika Demoen a seize ans lorsque la guerre éclate. Aînée d'une fratrie de sept enfants, elle reste au foyer à Roulers afin d'aider sa mère. Son père est un flamingant convaincu. Pendant la Première Guerre mondiale, alors qu'il était volontaire de guerre, il s'était heurté à la direction exclusivement francophone de l'armée. Dans la région, il est un des premiers membres du Vlaams Nationaal Verbond (VNV) et il envoie sa fille militer aux Kerlinnekes, l'organisation de jeunesse du Vlaams Nationaal Vrouwenverbond (VNVV).

Rika Demoen snit scan + kleur
Institution : Gekleurd Verleden
Légende d'origine : Non légendée

Les Dietse Meisjesscharen (DMS)

Rika dirigeert in Wieze
Institution : Gekleurd Verleden
Collection : Familiearchief Demoen
Légende d'origine : Non légendée

Rika Demoen - Les Kerlinnekes

Institution : Historische Huizen Gent
Collection : Exposition "Gekleurd Verleden. Familie in oorlog"
Droits d'auteur : Historische Huizen Gent

En outre, Rika dirige la section des DMS pour l'arrondissement de Roulers-Tielt. Elle se rend plusieurs fois par mois au quartier général des DMS à Bruxelles pour y recevoir des instructions de la bouche de Jetje Claessens, la dirigeante des DMS.

'Tonton' Reimond Tollenaere

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Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Non légendée

Après la fuite en France du bourgmestre de Roulers en 1940, le chef de la propagande du VNV (et député) Reimond Tollenaere propose que le père Demoen lui succède. Demoen avait aidé Tollenaere en 1936 lors de sa campagne pour les élections législatives dans la région. C'est d'ailleurs à cette occasion que Tollenaere avait fait la connaissance de la tante de Rika, qu'il a épousé par la suite.

Tollenaere, partisan d'une collaboration inconditionnelle, est l'un des premiers Flamands à partir se battre sur le front de l'Est. Le père Demoen, lui, se refuse absolument à laisser l'un des frères de Rika s'y engager. Son père, explique Rika, est un vrai Flamand qui ne veut rien avoir à faire avec les Allemands. Sauf évidemment s'il ne peut agir autrement, en tant que bourgmestre.

Le père Demoen, protecteur de ses administrés en tant que bourgmestre de guerre ?

Il est exact qu'en sa qualité de bourgmestre, Demoen limite au strict minimum ses contacts avec les Allemands. De plus, il fournit un emploi à plusieurs jeunes gens dans la région pour les préserver du travail obligatoire en Allemagne. La DeVlag, une organisation pro-allemande, tente même de le destituer, mais en vain. C'est que, d'après Rika, son père est un trop bon bourgmestre.

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Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : Une jeune femme achète du pain au marché noir
Légende Web : De nombreux Bruxellois se rendent à la rue des radis pour acheter des denrées au marché noir. On y trouve de tout à condition de pouvoir mettre le prix.

Rika Demoen - le marché noir

Institution : Historische Huizen Gent
Collection : Exposition: "Gekleurd Verleden. Familie in oorlog"
Droits d'auteur : Historische Hizen Gent

Quand, après la libération, le père Demoen est arrêté en septembre 1944 parce qu'il a été bourgmestre de guerre, Rika est manifestement atterrée. N'a-t-il pas aidé la population, en tant que bourgmestre VNV, pendant les années difficiles de l'Occupation alors que d'autres restaient passifs ?

La réalité historique est, à tout le moins, plus nuancée. Les bourgmestres du VNV sont, grâce à la prise de pouvoir du parti et à son idéologie totalitaire, de véritables dirigeants locaux dotés de larges compétences individuelles. Dans un premier temps, la plupart d'entre eux font preuve d'un radicalisme poussé et collaborent activement avec l'Occupant. C'est seulement à partir de 1943, quand le sort des armes commence à tourner en défaveur des Allemands, que plusieurs d'entre eux agissent avec davantage de modération.

Une image historique faussée de la collaboration nationaliste flamande

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Institution : Historische Huizen Gent
Collection : Exposition: "Gekleurd Verleden. Familie in oorlog"
Droits d'auteur : Historische Huizen Gent
Légende d'origine : Non légendée
Légende Web : Ecusson de la Légion flamande représentant le Lion des Flandres. La Légion est fondée par le VNV qui espère obtenir, grâce à cette collaboration militaire sur le Front de l’Est, un appui politique accru de l’occupant.

Rika est persuadée que le milieu dans lequel elle a grandi est un reflet du reste de la Flandre. Son témoignage est un bon exemple du calme qui entoure la collaboration nationaliste flamande, qui est restée dominante en Flandre jusque dans les années 1980. Et cette image faussée est largement due à la répression d'après-guerre. Le fait que de nombreux bourgmestres du VNV, dont Demoen, réussissent à combiner leur collaboration politique avec des mesures administratives ressenties parfois positivement par la population n'a pas place dans la vision tranchée, en noir et blanc, de la répression : on punit sévèrement, et sans nuance.

De plus, les communautés locales ne se rendent souvent pas bien compte, sous l'Occupation, de ce qui se passe vraiment. Les contacts entre les bourgmestres du VNV et l'Occupant, en particulier, restent cachés. Aussi les sanctions qui les frappent sont-elles considérées par beaucoup de leurs administrés comme injustes. Cela aura aussi, par la suite, une influence sur la mémoire collective en Flandre.

Le sort de Rika

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Auteur : A. Neufort
Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Mont-sur-Marchienne (4/9/44). Les femmes qui ont eu des relations avec l'ennemi arrêtées, certaines ont les cheveux coupés.

Après l'arrestation de son père, Rika se cache chez elle, dans sa chambre. Sa mère a entendu ce qu'on raconte sur les jeunes femmes soupçonnées de collaboration, qui sont tondues voire violées. En définitive, elle est arrêtée en mai 1945 et doit comparaître, la veille de son vingt-et-unième anniversaire, devant le conseil de guerre. Elle y est condamnée à dix-huit mois de prison, dont elle effectuera seize mois à Courtrai, à Gand et à Bruges. Elle connaît encore toujours aujourd'hui les chants flamands qu'elle entonnait chez les Dietse Meisjesscharen, et ils ne cessent de l'émouvoir.

Bibliographie

De Wever, Bruno, Martine Van Asch, and Rudi Van Doorslaer, eds. “Getuigenis Rika Demoen.” In Gekleurd Verleden: Familie in Oorlog, 48–55. Tielt: Lannoo, 2010.

Wouters, Nico. “Volk En Staat Één! Oorlogsburgemeesters Tussen Mythe En Realiteit.” In Gekleurd Verleden: Familie in Oorlog, edited by Bruno De Wever, Martine Van Asch, and Rudi Van Doorslaer, 56–62. Tielt: Lannoo, 2010. 


Pour en savoir plus...

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Pour citer cette page
Demoen Rika
Auteur : Cachet Tamar (Institution : Historienne (UGent))
/belgique-en-guerre/personnalites/demoen-rika.html