Souvenirs de guerre
Dr. Van Dessel - l'Occupation
Institution : Historische Huizen Gent
Collection : Exposition: "Gekleurd Verleden. Familie in oorlog"
Droits d'auteur : Historische Huizen Gent
La guerre éclate
Lorsque, quatre années auparavant, la guerre éclate en Belgique, Albert Van Dessel a 23 ans et étudie la médecine à Louvain. Il occupe un kot rue de Namur et est témoin, dans la nuit du 10 mai 1940, des explosions de grenades dans la ville. Il part aussitôt vers son village natal, Putte, dans la province d'Anvers.
Il y apprend qu'il doit se rendre dans l'Ouest du pays, comme quelque 300.000 autres jeunes gens âgés de seize à trente-cinq ans qui n'ont pas encore accompli leur service militaire. Il s'en va à vélo vers Ypres avec seize autres jeunes de Putte. De là, ils poursuivent, toujours à vélo, jusqu'à Rouen, 400 kilomètres plus loin, en France. Albert finit par se retrouver dans un Centre de Recrutement de l'Armée Belge (CRAB) dans le Sud de la France. Ces centres doivent former les jeunes Belges pour en faire des soldats réservistes. Mais la capitulation de la Belgique rend le projet inutile. En définitive, Albert travaille pendant trois mois dans une infirmerie à Vergèze, près de Montpellier, et rentre chez lui à la mi-août. À la maison, la vie suit son cours ordinaire et Albert reprend ses cours à l'université. Un seul problème commence à se poser à partir de 1941 : le ravitaillement.
Médecin de campagne pendant la guerre
Le docteur Van Dessel ouvre son propre cabinet le 4 septembre 1942.
Dr. Van Dessel - Cabinet
Institution : Historische Huizen Gent
Collection : Exposition: "Gekleurd Verleden. Familie in oorlog"
Droits d'auteur : Historische Huizen Gent
Jeune médecin de campagne, le docteur Van Dessel est confronté d'emblée aux conséquences de l'Occupation. Il n'y a ni pénicilline, ni cortisone et beaucoup de médicaments sont rationnés. Il n'existe pas encore de véritables antibiotiques. De plus, les standards hygiéniques se détériorent. La nourriture est insuffisamment variée et le manque de soins de qualité se fait durement sentir. Des maladies infectieuses comme la pneumonie ou la tuberculose refont surface. Dans les années trente, ces maladies étaient encore sous contrôle, grâce aux mesures de prévention sanitaire. Le docteur Van Dessel est impuissant, surtout face à la tuberculose. Voir mourir des jeunes atteints de tuberculose lui est particulièrement pénible.
Sous l'Occupation, le docteur doit aussi être un véritable allrounder, un généraliste au sens le plus large du terme. Arracher des dents, procéder à des accouchements, soigner des blessures par balles. Il fait tout lui-même, sans l'aide d'infirmières, ni assistance technique de collègues. Nombre d'entre eux se sont enfuis ou ont plongé dans la clandestinité. Il apprend ainsi son métier sur le tas, de même que l'organisation de son cabinet. Il ne peut davantage s'attendre, pendant les années de guerre, à toucher un salaire important. Les patients qui ne peuvent payer les honoraires de 8 à 10 francs le règlent généralement en nature, en lui remettant de la nourriture ou d'autres biens.
Témoin de la collaboration et de la résistance
À mesure que la guerre progresse, le docteur Van Dessel voit le climat empirer dans le pays. Les actes de violence entre collaborateurs et résistants se multiplient, et la répression allemande se fait de plus en plus brutale. C'est ainsi qu'on assassine le médecin généraliste de Putte, le docteur Cornil, connu pour être anti-allemand. L'homme figurait sur la liste noire des collabos, et n'ignorait pas ce qui l'attendait. Au lendemain du jour où Van Dessel le rencontre pour la dernière fois, trois hommes viennent frapper à sa porte à dix heures et demie.du soir. Ils l'emmènent à la Kommandantur pour y être interrogé. Mais ils le débarquent de la voiture en chemin et l'abattent. Les assassins ne sont pas inquiétés.
L'un des patients du docteur Van Dessel est le bourgmestre de Tremelo. On le surnomme 'le bourgmestre noir', car c'est un collaborateur avéré. Un beau jour, des résistants lui tirent dessus et lorsque le docteur Van Dessel arrive, le bourgmestre gît dans un fossé avec cinq balles dans le corps. Mais il vit encore. Le docteur n'a guère d'affinités avec l'idéologie d'Ordre nouveau et admire la résistance, mais il ne tient pas compte de la réputation douteuse de l'individu et le sauve, en le faisant opérer à Malines.
Le docteur Van Dessel ne s'occupe guère de collaboration ou de résistance. Il est d'abord attentif aux soins à apporter à ses patients. Pendant ses premières années de pratique médicale, la guerre fait de cette priorité un véritable défi.
Bibliographie
De Wever, Bruno, Martine Van Asch, and Rudi Van Doorslaer, eds. “Getuigenis Dokter Van Dessel.” In Gekleurd Verleden: Familie in Oorlog, 33–39. Tielt: Lannoo, 2010.
Velle, Karel. “Dat Waren de Grote Drama’s, Jonge Mensen Die Stierven.” In Gekleurd Verleden: Familie in Oorlog, edited by Bruno De Wever, Martine Van Asch, and Rudi Van Doorslaer, 40–47. Tielt: Lannoo, 2010.