Raf Van Hulse (1903–1977) a été chef du 1ste SS-Standaard Vlaanderen entre septembre 1941 et août 1942. Sur le front de l’Est, en tant que correspondant de guerre SS, il faisait du travail de propagande pour De SS-Man.
Un grand écart nationaliste
Raf Van Hulse grandit dans une famille flamingante d’enseignants à Sint-Jan-in-Eremo. En 1933, il épouse Armanda Thiel, elle aussi issue d’une famille flamingante. Même si l’appartenance de Van Hulse au Vlaams National Verbond (VNV) dans les années 1930 n’a pas pu être établie, lui et sa femme évoluent vers un nationalisme « diets » – thiois ou pannéerlandais – assumé. À la même époque, il fait ses premiers pas dans le monde littéraire, collaborant au magazine néerlandais Dietbrand et publiant, en 1939, son roman rural Poldervolk.
Van Hulse est un collaborateur de la première heure. Sur l’insistance de René Lagrou, il rejoint, dès 1940, l’Algemene-SS Vlaanderen (ASSVL). Nourrissant de grandes ambitions, il monte rapidement en grade. Après avoir créé sa propre section dans le Meetjesland, entre Gand et Bruges, il est nommé, en septembre 1941, Standaardleider du 1ste SS-Standaard Vlaanderen. Outre la propagande et la création de divisions SS locales, Van Hulse participe également aux deux premières rafles de Juifs à Anvers en août 1942. Il est cependant contraint d’accepter que ses opinions pannéerlandaises sont en contradiction avec les visées annexionnistes de la SS, qui souhaite la création d’une « Grande Allemagne », une approche qui le contraint à un grand écart idéologique.
Propagandiste de la SS
En septembre 1942, Van Hulse quitte ses fonctions de Standaardleider pour rejoindre le front de l’Est et la Waffen-SS en tant que SS-Kriegsberichter (« reporter de guerre SS »). Son expérience d’écrivain le prédestine à ce poste. Il est formé comme reporter de guerre SS à Berlin, se spécialisant dans les reportages radiophoniques. Ses réalisations sont diffusées par Radio Bruxelles pendant l’occupation. Van Hulse écrit également des articles pour des périodiques de collaboration tels que Balming et De SS Man. Sur le front de l’Est, il subit cependant un certain nombre de revers. C’est ainsi que la plupart de ses écrits ne franchissent pas la barrière de la stricte censure militaire, sans compter que son équipement cinématographique et radiophonique tombe régulièrement en panne. Néanmoins, fin février 1944, Van Hulse est promu chef de la SS-Kriegsberichter flamande de la SS-Sturmbrigade Langemarck.
En tant que SS-Kriegsberichter, Van Hulse se considère comme un intellectuel national-socialiste. Dans cette perspective, il méprise les populations locales sur le front de l’Est et prône la création d’une colonie paysanne flamande en Ukraine.
Après son retour en avril 1944, Van Hulse est nommé inspecteur des Jeunesses hitlériennes de Flandre. Quelques mois plus tard, alors que les Alliés sont sur le point de libérer la Belgique, Van Hulse et d’autres collaborateurs de premier plan décident de fuir en Allemagne. De nombreux collaborateurs flamands, dont Van Hulse, rejoignent le Vlaamse Landsleiding, un gouvernement fantoche pro-allemand en exil en Allemagne.
Du prisonnier au romancier du front de l’Est
Après la capitulation de l’Allemagne nazie, Van Hulse se cache. Mais à l’automne 1945, il est démasqué et arrêté dans le nord de l’Allemagne. Pendant sa détention, Van Hulse ne montre aucun remords ; au contraire, il est fier d’être resté fidèle au national-socialisme jusqu’au bout. Dans des lettres à sa femme, il ne peut cacher son amertume à l’égard des collaborateurs ayant tourné le dos au national-socialisme.
Le conseil de guerre d’Anvers condamne Van Hulse à la peine de mort lors du deuxième procès contre De SS-Man en 1946, mais il sera gracié et sortira de prison en 1951. Après la guerre, il reste en contact avec d’autres anciens correspondants de guerre et écrit régulièrement pour l’ancien magazine du front de l’Est Berkenkruis et le périodique Dietsland Europa. Sous le pseudonyme de Domien Van Rietvelde, il écrit également un certain nombre de romans, dont le plus connu est le roman de guerre autobiographique Bloedgroep O, publié en 1960.
Bibliographie
Jonathan RAEMDONCK, « Een mislukt propagandaproject ? Vlaamse SS-oorlogscorrespondenten aan het Oostfront (1941-1945) », mémoire de master inédit, Université d'Anvers, Antwerpen, 2023.
Lieven SAERENS, « Gewone Vlamingen ? De jodenjagers van de Vlaamse SS in Antwerpen, 1942 » (Deel 1), Cahiers d'Histoire du Temps Présent, N° 15, 2005, 289-313.
Maurice DE WILDE, “De Algemene SS-Vlaanderen”, dans: België in de Tweede Wereldoorlog. Deel 5: De kollaboratie, Kapellen, De Nederlandsche Boekhandel, 1985.
Pieter Jan VERSTRAETE, Raf Van Hulse. Een Vlaamse Kriegsberichter aan het Oostfront, Kortrijk, Verstraete, 2011.
Pieter Jan VERSTRAETE, “Van Hulse, Raf”, dans: Digitale encyclopedie van de Vlaamse beweging (DEVB), 2023, https://encyclopedievlaamsebeweging.be/nl/van-hulse-raf.
Stef DE BAEDTS, “Genadeloos breken, rusteloos bouwen: Radicalisering van Vlaamse oostfrontsoldaten tijdens de Tweede Wereldoorlog (1941-1944)”, mémoire de master inédit, Université de Gand, 2023.