La période de l’occupation et de la première libération a été assez calme pour la petite ville de Rochefort, aux confins des Ardennes et de la Famenne de Namur. Par contre, le retour des troupes allemandes à Noël 1944, va s'avérer dramatique pour sa population.
A l'heure des bombardements
Dès le 22 décembre, les habitants de Rochefort suspectent que quelque chose ne va pas. La petite ville est défendue par un bataillon renforcé du 335ème régiment (la 84ème division d’infanterie), commandé par le Major Gordon H. Bahe, avec un total de 850 soldats américains. Bien que retardé par le manque récurrent de carburant, la 2ème Panzer-Lehr-Division approche dangereusement. Les premiers obus tombent sur Rochefort le 23 décembre. Après une nuit et une journée de combats acharnés, les troupes allemandes prennent le contrôle de la petite ville, tandis que les Américains se désengent. Cependant, leur artillerie continue de harceler les vainqueurs. La population qui n’a pas réussi à s’enfuir est terrorisée et survit dans les caves. À partir du 26 décembre, la situation continue de s’aggraver. Bloquées et décimées à Celles, les troupes allemandes commencent à se replier vers Rochefort. Les bombardements alliés s'intensifient. Comme leurs ancêtres pendant les guerres de religion, certains des habitants se rendent dans des grottes voisines. Plusieurs centaines d’entre eux s'entassent dans la grotte de la Lorette, la grotte des Falizes et le Trou Maulin. Bien qu’à l’abri de la bataille, les conditions de vie sont précaires. Par contre, il ne manque pas d’eau perlée des stalactites. Ils ont pu manger le peu qu'ils avaient, comme des pommes de terre et des navets crus. Certaines personnes ont perdu la raison dans les grottes bondées.
Les 27 et 28 décembre, la 83ème division d’infanterie américaine fait son retour en force. Après 48 heures de combats intenses, les troupes allemandes ont été vaincues dans l’après-midi du 29 décembre et se retirent vers Nassogne.
Plus de la moitié de la ville est en ruines. Une centaine de maisons ont été incendiées et une trentaine d'habitants tués. Cependant, le bilan aurait sans doute été plus élevé sans la présence des grottes à proximité.
Bibliographie
Luc Rivet & Yvan Sevenans, La bataille des Ardennes. Les civils dans la guerre, Bruxelles, Didier Hatier/Rtbf Charleroi-Namur, 1985.
En partenariat avec Liberation Route Europe, Grotte de Lorette