À l’automne 1944, le château du Petit Spay, à Trois-Ponts, accueille des enfants qui ont dû fuir les bombardements de V1 et de V2. Ils y rejoignent des enfants de prisonniers de guerre. La quarantaine d’enfants est encadrée par cinq monitrices du mouvement scout local.
Le redoutable Joachim Peiper
Après avoir longtemps été une exploitation agricole, le château du Petit Spay accueille à partir de 1932 une communauté de bénédictines. Durant la Seconde Guerre mondiale, il sert de lieu d’hébergement pour des enfants de prisonniers de guerre détenus en Allemagne. Situé entre Stavelot et Trois-Ponts, le château du Petit Spay est pris d’assaut par des troupes SS du redoutable Joachim Peiper le 18 décembre 1944, le lendemain du massacre qu’elles ont perpétré à Malmedy. Les soldats sont épuisés et affamés. Leur agressivité fait une victime en la personne de l’aumônier, le père Prégardian, que les Allemands accusent de collusion avec les troupes américaines. Emmené, il est abattu. Son cadavre ne sera retrouvé que trois mois plus tard non loin de la cascade de Coo.
Des enfants soumis à la peur, à la faim et au froid
Ignorant que des enfants se trouvent encore dans les murs du château, l’artillerie alliée vise les bâtiments. Les enfants et leurs monitrices n’ont d’autre issue que de se cacher dans les caves. Ils y passeront douze jours dans la faim, l’obscurité et le froid, témoins aussi des horreurs de la guerre puisque des blessés allemands y sont emmenés et soignés dans des conditions difficiles. Les conditions de survie sont effroyables, certains soldats se montrent particulièrement cruels allant jusqu’à verser quantité de sel pour rendre impropre à la consommation le peu de soupe que les monitrices ont réussi à préparer. Mais le groupe tient bon.
Peiper séjourne sur place quelques jours avant que lui et ses troupes ne soient remplacés par des Volksgrenadiers, réputés moins agressifs. Ils prennent effectivement les enfants en pitié, les ravitaillent et entreprennent de leur faire quitter les lieux. Après une première tentative d’évacuation avortée – le camion emmenant les enfants ayant été la cible de tirs –, ils réussissent finalement à rallier le château de Farnières où ils sont pris en charge par les pères de Farnières qui assurent déjà l’hébergement de quelque 850 autres personnes.
Désertés par ses derniers habitants, le château du Petit-Spay est aujourd’hui à l’état de ruine.
Bibliographie
- Raymond Collin & Jean-Marie Dehalleux, Histoire et petites histoires autour du Petit-Spay, 2015.
- Luc Rivet & Yvan Sevenans, La bataille des Ardennes. Les civils dans la guerre, Bruxelles, Didier Hatier/Rtbf Charleroi-Namur, 1985.
- Exploration du site : Le Petit Spay, Exploration du site : Le Petit Spay. |Urbex|
- Le Petit Spay - Trois Ponts - Cartes Postales
- En partenariat avec Liberation Route Europe, Château du Petit-Spay