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Bataille des Ardennes - 24 décembre 1944 - La bataille de Stoumont-La Gleize

Auteur : Colignon Alain (Institution : CegeSoma/Archives de l'État)

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Forte de quelque 4000 combattants et de véhicules blindés Le « Kampfgruppe Peiper », unité de choc de la 1ère division SS « Leibstandarte Adolf Hitler » a pour objectif d’effectuer une percée-éclair sur le flanc nord de l’offensive. L’objectif est d’atteindre la Meuse en trois ou quatre jours maximum et de s’emparer des ponts de Huy et d’Amay afin de permettre à la VIème Panzerarmee de se déployer sur la rive gauche du fleuve avant de foncer vers Bruxelles puis Anvers. Vaste programme ! Il lui faut aussi enlever les grands dépôts de carburant U.S. répartis dans la région de Francorchamps-Malmedy : l’essence est en effet indispensable à ces unités motorisées grandes consommatrices d’énergie (l’énorme Königstiger consomme pas moins de 5 litres d’essence par kilomètre…) alors que leurs réserves ont été chichement mesurées par les concepteurs de la contre-offensive nazie… Bref, la mission de l’Obersturmbannführer Joachim Peiper relève de la gageure et, de fait, elle ne tarde pas à déraper avant d’aller s’engluer dans les méandres de la vallée de l’Amblève…

Une progression plus laborieuse que prévue





Dès le départ, nonobstant l’énergie et la hargne de Peiper, sa formation chemine beaucoup plus lentement que prévu en raison des encombrements sur les routes de l’invasion, aux confins de la frontière belgo-allemande. Le mouvement ne s’accélère qu’à l’approche de Stavelot, dans la nuit du 17 au 18 décembre. Le Kampfgruppe, poussé par son chef, s’empare bien de la petite ville le 18 en début de matinée mais il commet l’erreur de ne pas sécuriser le passage de l’Amblève en nettoyant les lieux de toute présence américaine. Peiper préfère lancer ses troupes en direction de Trois-Ponts. Si elles y parviennent bien en l’espace d’une heure, c’est pour assister à la destruction de son pont par le Génie U.S. à l’approche du Panther de tête…Les «noyaux durs » de la colonne blindée sont alors contraints d’opter pour un autre itinéraire, passant par La Gleize afin de rejoindre la route nationale par Cheneux. Il en résulte de nouveaux encombrements ainsi qu’un certain retard, encore aggravé par une attaque de l’U.S. Air Force. Néanmoins, dans l’après-midi du 18, La Gleize tombe entre les mains allemandes. Stoumont connaît le même sort un peu plus tard. Mais à partir de là, tout s’enraye, ou à peu près.

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Embouteillages !

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Institution : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Tanks_and_Infantrymen_on_the_way.jpg
Collection : US Army history Images
Légende d'origine : 82ème Airborne pendant la Bataille des Ardennes

Plus le temps s’écoule, plus la « colonne Peiper » peine à avancer. Les Américains, toujours à proximité, gênent naturellement la progression par leurs tirs. Les choses se dégradent encore avec l’arrivée des hommes la 82ème Airborne. Mais ce qui met de fait fin à l’offensive ennemie, c’est le retour en force, dans la nuit du 18 au 19, des soldats U.S. sur les hauteurs de Stavelot. A partir de leurs positions, ils peuvent canarder tout à loisir le pont de l’Amblève et ainsi perturber gravement le ravitaillement en carburant des Panzers de Peiper. Dès le 20 décembre, ce dernier ne se fait plus d’illusions. La Meuse est hors d’atteinte, et ses véhicules manquent de plus en plus d’essence. Cependant, ses troupes poursuivent l’offensive. Pendant deux jours, les combats font rage à Cheneux, surtout du côté du préventorium de Saint-Edouard, pris d’assaut par la Task Force Harrison. De là, les tirs et les bombardements frappent Stoumont puis La Gleize, démolissant pas mal de maisons ainsi qu’un certain nombre de blindés nazis, à peu près immobilisés le réservoir vide.

Retraite et bilan

Dans la soirée du 23 décembre Peiper reçoit l’autorisation de repli. Il ne demande pas son reste et parvint à exfiltrer du champ de bataille un peu moins de 800 hommes, à pied, dans un froid glacial et pour un périple d’une vingtaine de kilomètres qui fait presque figure de retraite de Russie. Quant aux éléments mécanisés de son Kampfgruppe, ils restent sagement dans les ruines fumantes de La Gleize, à peu près intacts mais rendus inopérants faute d’essence : les Américains, lors de la reprise de la petite localité, s’emparent ainsi intacts de 18 Panther G, de 7 Panzer IV, de 6 Königstiger (l’un d’entre eux, récupéré in-extremis, orne encore aujourd’hui le musée local) et de 53 semi-chenillés. Par la même occasion, ils capturent 400 SS (dont 300 blessés jugés intransportables vu les conditions climatiques)…tandis que 170 Américains sont libérés.

La « colonne Peiper », qui s’est distinguée par son fighting spirit mais aussi par ses nombreux crimes de guerre (massacre de Baugnez…) n’existe plus, et l’unité dont elle relève – la Leibstandarte Adolf Hitler- se retrouve privée de ses meilleurs éléments.

Bibliographie

- Antony BEEVOR, La bataille des Ardennes, Paris, Le Livre de poche, 2017.

- Philippe GUILLEMOT, La bataille des Ardennes. La dernière chimère d’Hitler, Paris, Perrin, 2024.

Pour en savoir plus

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Bataille des Ardennes - 24 décembre 1944 - La bataille de Stoumont-La Gleize
Auteur : Colignon Alain (Institution : CegeSoma/Archives de l'État)
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