A la fin de l’Occupation, des maquisards membres de l’Armée secrète se cachent dans les bois entourant le village de Bande. A la Libération, le 5 septembre 1944, lors d’une échauffourée avec la Résistance, trois soldats de la Wehrmacht perdent la vie. De sanglantes représailles s’en suivent immédiatement mais le pire est à venir.
La soif de vengeance contre les maquisards de septembre
Les habitants de Bande croyaient être débarrassés des Allemands mais, le 22 décembre, ils reviennent en force. Des habitants de Bastogne, dont huit élèves du Petit Séminaire, se sont réfugiés dans le village, espérant y être en sécurité. Un commando du SD chargé de sécuriser les arrières suit l’armée régulière. Dirigée par le major Franz Lang, ancien chef de la Feldgendarmerie de Marche, cette unité comprend aussi des francophones, dont des Français et des Suisses. La soif de vengeance les anime. A la recherche des maquisards de septembre, ils interceptent 70 hommes du village. Aucun d’eux n’est parmi eux. Au terme d’interrogatoires musclés menés à la Scierie Rulkin, les plus de 35 ans sont libérés. Seuls restent 33 jeunes âgés de 17 à 32 ans. Dépouillés de tout ce qu’ils possèdent, ils réalisent le sort funeste qui les attend. Parmi eux, trois étudiants du Petit Séminaire. Emmenés dans une cave à proximité, ils sont abattus un par un d’une balle dans la nuque le 24 décembre. Le lendemain, le bilan s’alourdit avec deux nouvelles victimes originaires de Roy, un village voisin ; deux jours plus tard, deux nouvelles victimes sont tuées à Hodister. Seul le jeune Léon Praile (21 ans) se rebiffe, bouscule son gardien et parvient à s’échapper dans les taillis enneigés : il sera le seul survivant. Il reste caché jusqu’au départ des Allemands le 11 janvier.
L'ampleur du massacre
La région est délivrée de la présence ennemie par les soldats du 9ème bataillon de parachutistes anglo-canadiens le 12 janvier 1945. Aidé par Léon Praile, ils découvriront les cadavres des victimes dans la cave fatale, vaguement dissimulés sous un amoncellement de planches… Le 18 janvier 1945, des funérailles collectives sont organisées. Les victimes d’Hodister ne seront découvertes que deux mois plus tard.
Le 6 juin 1948, un mémorial sera inauguré dans la « Cave des Fusillés de Bande », en bordure de la Nationale 4 reliant Marche-en-Famenne à la Barrière de Champlon.
Bibliographie
Matthieu Longue, Massacres en Ardennes. Hiver 1944 - 1945, Bruxelles, Racine, 2006.
Peter Schrijvers, The unknown Dead. Civilians in the Battle of the Bulge, Lexington, University Press of Kentucky, 2005.
Les crimes de guerre commis pendant la contre-offensive von Rundstedt dans les Ardennes, décembre 1944 – janvier 1945 : Bande, Liège, Thône, 1948.
En partenariat avec Liberation Route Europe, Le massacre de Bande