Au début de l’occupation, le 10 juin 1940 ( ?), une poignée d’anciens combattants de la « Campagne des 18 Jours » et de vétérans de la Grande Guerre, presque tous originaires de Saint-Gilles (Bruxelles) se réunissent au domicile d’Auguste Leblicq, un grossiste en papier. Ils fondent une discrète « Organisation des Combattants » dans le but dissimulé de stimuler « la résistance sous toutes ses formes », depuis le sabotage jusqu’au renseignement en passant par la surveillance des éléments douteux sur le plan du civisme.
Un belgicisme autoritaire et monarchiste
Dès le 18 juillet, le groupe entreprend de diffuser de manière semi-publique une sorte de manifeste dont les idées s’inscrivent clairement dans l’air du temps : fidélité au roi Léopold, rejet des partis politiques et rénovation nationale. Le groupe se place sous le patronage d’une personnalité au patriotisme impeccable, le vieux lieutenant-général Six, par ailleurs déjà membre d’un « Rassemblement moral des anciens Combattants autour du Roi ».
Pourtant, malgré ces ambitions et ce patronage prestigieux, le mouvement piétine et périclite peu à peu, étouffé par les formations concurrentes qui se disputent le milieu des anciens combattants au nom d’un belgicisme autoritaire et monarchiste.

Légende d'origine : La Légion noire, n°1, janvier 1941
La Légion noire voit le jour

Légende d'origine : La Légion noire, déc. 1943
Le groupe ne redémarre vraiment qu’en mars 1941, toujours à l’initiative d’Auguste Leblicq. Il change de dénomination, se réclamant cette fois d’une « Légion noire » proprement clandestine. Pourvu d’un bulletin du même nom animé par Leblicq et diffusé à un millier d’exemplaires, il implante progressivement des sections à travers le Brabant wallon (Wavre, Braine-l’Alleud, Grez-Doiceau) ainsi qu’à Bruxelles-ville. Ici, le groupe relève du lieutenant de réserve Raoul Rothe. Malgré ces transformations, ses actions subversives semblent s’être limitées à quelques sabotages, à quelques repérages autour des aéroports tenus par l’occupant et à la diffusion de sa feuille clandestine éponyme. La Légion noire finit par fusionner en septembre-octobre avec la Légion belge, bien plus vigoureuse. Cette dernière accueille divers petits mouvements belgicistes de ce type. Mais la section bruxelloise de la « Légion noire » renâcle à la fusion. Elle se transforme en un « groupe de représailles » armé. Il est démantelé par l’occupant au printemps 1942 et son chef, Raoul Rothe, se retrouve derrière les barreaux.
Dès lors, la Légion noire appartient au passé. Seul son bulletin continue vaille que vaille son existence discrète jusqu’à la Libération sous la houlette du tenace Auguste Leblicq.
Bibliographie
Livre d’or de la Résistance belge, Bruxelles, Les Editions Leclercq, 1948.
Le journal en ligne: https://warpress.cegesoma.be/f...