Alors que le cinéma belge est placé sous tutelle allemande, Henri Storck (1907-1999), auteur du subversif Misère au Borinage (1933), est déterminé à poursuivre son travail. En 1941, ce réalisateur ostendais propose ses services à la Tobis Brüssel, filiale d’une des principales sociétés allemandes de distribution de films, contrôlée par l’État nazi. De 1942 à 1944, il tourne Symphonie paysanne, une vaste fresque documentaire sur la vie paysanne. Les moyens pour réaliser ce film lui sont fournis par un organisme des plus controversés : la Corporation nationale de l’Agriculture et de l’Alimentation (CNAA), créée à l’été 1940 et proche de l’Ordre nouveau. Storck n’est pourtant pas un sympathisant del’Ordre nouveau : ce film révèle plutôt toute la distance qu’il prend avec les questions politiques – brûlantes – de son temps.
Porte-drapeau du cinéma belge
À la Libération, Storck est un temps inquiété, moins pour Symphonie Paysanne que pour ses fonctions dans les institutions régissant l’industrie cinématographique sous l’Occupation.
Mais au sein du petit monde qu’est le cinéma belge d’après-guerre, Storck fait figure d’incontournable porte-drapeau. La nécessité de reconstruire une industrie cinématographique nationale justifie le voile pudique jeté sur ses activités durant les hostilités. Le « père du cinéma belge » recommence dès lors à tourner, comme toujours des films de commande.
Bibliographie
Benvindo, Bruno. Henri Storck, Le Cinéma Belge et l’occupation. Bruxelles: Ed. de l’Université de Bruxelles, 2010.