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Institution : CegeSoma
Collection : Fonds Berdondini Franz-François-Francesco
Droits d'auteur : CegeSoma
Légende d'origine : 1/5/44 [geprüft 53 Stalag XI A]
Destins de Guerre

Berdondini François

Thème

Italien, Allemand ou Belge ? D’ici ou de là-bas ? L’histoire de François Berdondini est celle d’un homme partagé entre plusieurs identités et plusieurs pays.

Auteur : Brulard Margot (Institution : Ville de Bruxelles)

Italien, Allemand ou  Belge ?  D’ici ou de là-bas ? L’histoire de François Berdondini est celle d’un homme partagé entre plusieurs identités et plusieurs pays.

Son parcours débute en Allemagne, à Remscheid. Son père, Francesco Berdondini, a quitté son Italie natale pour épouser Paula Magdebourg. Trois enfants naissent de cette union : Elise (1916), François (1917) et Renate (1920). 

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Institution : Cegesoma
Collection : Fonds Berdondini Franz-François-Francesco
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La Belgique, terre d'accueil

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Institution : Cegesoma
Collection : Fonds Berdondini Franz-François-Francesco
Légende d'origine : Non légendée

Francesco travaille comme manœuvre dans le secteur du bâtiment. En avril 1924, il quitte l’Allemagne pour venir travailler en Belgique. Il fait partie des quelque 30.000 Italiens arrivés dans l’entre-deux-guerres sur le territoire belge. En effet, le pays manque de main-d’œuvre et fait venir massivement des travailleurs  étrangers pour les industries et les mines. De nombreux Italiens prennent aussi individuellement le chemin de la Belgique sans avoir obtenu de permis de travail au préalable. Francesco tente sa chance. Il est rapidement intégré au marché du travail belge car les besoins sont importants dans le secteur du bâtiment.

François arrive en Belgique à l’âge de 6 ans. La famille s’installe dans la commune d’Angleur. Le jeune homme se sent chez lui en région liégeoise. À la veille de la guerre, il travaille en tant que dessinateur industriel et est fiancé à Hélène Grégoire, habitante de Grivegnée. La guerre bouleverse leur existence. 

Fuir devant le péril

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Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : En colonnes sans fin, les populations civiles en fuite.

10 mai 1940. Les troupes allemandes envahissent le territoire belge. François Berdondini prend la plume pour décrire les événements exceptionnels qu’il est en train de vivre.

À travers ses mots, on découvre un quotidien angoissant Si «d’abord, personne ne veut partir», le choix de l’exode devient rapidement évident. Le matin du 12 mai 1940, François fait ses adieux à sa fiancée Hélène qui part avec sa famille «vers une destination inconnue». Quelques heures plus tard, les Berdondini décident également de quitter la ville. Comme des milliers de civils belges, ils abandonnent tout pour fuir devant le danger allemand. 

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Institution : Cegesoma
Collection : Fonds Berdondini Franz-François-Francesco
Légende d'origine : Non légendée
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Institution : Cegesoma
Collection : Fonds Berdondini Franz-François-Francesco
Légende d'origine : Non légendée

Peu après leur départ, la mauvaise nouvelle tombe : la majorité des ponts, permettant de quitter Liège, sont fermés. À contre cœur, ils doivent rentrer chez eux. François choisit alors de partir seul. Pour le jeune homme de 23 ans, quitter sa famille est un déchirement,  «la plus grande et la plus pénible décision de ma vie» . Les adieux sont difficiles : «pour la première fois, j’ai vu pleurer mon père».

Accompagné de son ami Pierre, François prend le chemin de l’exode, en direction de la France. La route est semée d’embuches et les journées de marche sont très longues : «nous avons marché, marché à ne plus tenir debout». Le danger est permanent, la peur omniprésente. Dans un train en direction d’Abbeville, les deux Liégeois se retrouvent au milieu du champ de bataille. «Nous sommes couchés le long d’une haie et nous entendons les balles siffler au-dessus de nos têtes. À ce moment-là, j’ai eu peur».

Finalement, rattrapés par l’armée allemande, les deux amis retournent vers Liège. 

L'appel de l'Italie

En mars 1942, François Berdondini doit à nouveau dire adieu à sa fiancée Hélène. De nationalité italienne, il est appelé sous les drapeaux. Il incorpore le 56e régiment d’artillerie à Rimini. Il y découvre la vie militaire : la discipline, les exercices physiques, la nourriture, etc. 

Etrangé en Belgique....étrangé en Italie

Né en Allemagne, habitant la Belgique depuis ses 6 ans, François ne connait pas l’Italie et ne parle pas italien. Loin des siens, il doit se familiariser à une nouvelle vie et à des nouvelles coutumes. Considéré comme un immigré en Belgique, il est également étranger dans ce pays :

«En Belgique, on nous regardait d’un drôle d’œil parce que nous étions Italiens et ici, dans la patrie, nous sommes mal vu parce que nous venons de l’étranger».

belvirmus_FRANCOIS BERDONDINI_plaque soldat italie
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Collection : Fonds Berdondini Franz-François-Francesco
Légende d'origine : Non légendée

François a le mal du pays et rêve souvent à Liège et ses plaisirs : la tarte au riz, l’odeur des croustillons et des lacquemants, la fête du mois d’août, etc. 

«Je mangerai volontiers un bon morceau de tarte au riz »,  «Il me semble que je sens d’ici l’odeur des croustillons et des lacquemants. Il me semble aussi que j’entends la musique des baraques et de toutes les choses qui s’y trouvent mais ce n’est que ce qu’il me semble, et il faudra attendre un an encore avant de les entendre réellement»

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Collection : Fonds Berdondini Franz-François-Francesco
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Une relation longue distance

Dès le premier jour de sa mobilisation, François écrit des lettres à sa fiancée Hélène. Les amoureux doivent apprendre à vivre loin de l’autre.

La relation à longue distance n’est certainement pas facilitée par la lenteur du réseau postal. Les lettres sont, pour François, d’un incroyable réconfort. À la lecture de la première lettre d’Hélène, le soldat est le plus heureux des hommes : «j’ai failli pleurer de joie quand j’ai eu la lettre. Quand je l’ai lue, j’ai eu les larmes aux yeux car tout me rappelait Liège et ceux que j’aime».

Souvent, François reproche à sa fiancée le manque de nouvelles : «Que fais-tu ? M’oublies-tu ? J’espère que non. Sinon quand je reviendrai, tu passeras un mauvais quart d’heure». Le soldat s’inquiète de perdre celle qui l’aime. Ainsi, lorsqu’Hélène lui parle de ses sorties au cinéma ou des soirées à Tilff, le fiancé s’inquiète : «Je te permets de sortir, du moment que tu es sérieuse. As-tu déjà été au cinéma depuis que je suis parti, et avec qui ?»

Le Liégeois rêve avec douceur au jour où, enfin, il pourra rentrer au pays et retrouver Hélène : «En tout cas, ce sera le plus beau jour de ma vie, avec celui où nous serons unis pour toujours».

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Une fin heureuse

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À partir de décembre 1943, les lettres de François proviennent du camp de Magdebourg (Stalag XI A). François y est prisonnier avec son régiment.

Lorsqu’en juillet 1943, les troupes alliées débarquent sur le sol italien, un vent de panique souffle sur Rome. Face à cette menace, le grand conseil fasciste abandonne Mussolini et décide de l’incarcérer. Le Maréchal Badoglio prend le pouvoir et signe l’armistice avec les Alliés dès septembre. En réaction, l’Allemagne neutralise les troupes italiennes pour contenir l’avance alliée et de nombreux soldats sont fait prisonniers. 

François reste à Magdebourg jusqu’à la fin de la guerre. Il est finalement rapatrié le 15 mai 1945. À son retour, il retrouve Hélène. Finalement, après ces moments difficiles, les deux amoureux se marient le 23 octobre 1945. Ils auront deux enfants : Nadine et Jacques.

Bibliographie

Attal, Frédéric. Histoire de l’Italie de 1943 À Nos Jours. Histoires Contemporaines. Paris: Armand Colin, 2004. 

Morelli, Anne. “L’immigration Italienne En Belgique Au XIX et XXe Siècles.” In Histoire Des Étrangers et de L’immigration En Belgique de La Préhistoire À Nos Jours. Bruxelles: Couleur livres, 2004

Fond François Berdondini, CegeSoma, AA2236.

Pour citer cette page
Berdondini François
Auteur : Brulard Margot (Institution : Ville de Bruxelles)
https://www.belgiumwwii.be/destins-de-guerre/berdondini-francois.html