Belgique en guerre / Personnalités

Venckeleer (famille)

Thème - Résistance

Auteur : Raemdonck Jonathan (Institution : UAntwerpen)

La résistance pendant la Seconde Guerre mondiale a souvent été une affaire de famille. La famille d'Alfons Venckeleer (né le 13 mai 1892) en constitue un exemple typique. Ils ont joué un rôle important au bénéfice du Front de l'Indépendance (FI) dans la commune anversoise de Mortsel durant l'occupation.

Une famille ordinaire dans la résistance

Alfons et son épouse Maria Goethals (née le 18 août 1892) sont tous deux issus d'une modeste famille anversoise. En 1923, le couple s'agrandit. Ils ont une fille, Antoinette. Deux ans plus tard, un petit Fernand complète la famille. Pendant l'occupation allemande, la famille a vécu dans la Hendrik Kuijpersstraat à Mortsel. En 1941, Alfons devient employé de banque. La même année, il ouvre sa maison à des résistants en fuite. Il s’agit principalement de membres du Front de l'indépendance actifs dans la presse clandestine. Par ce geste de solidarité, la famille s'est engagée dans la résistance. La maison de la Hendrik Kuijpersstraat est rapidement devenue un lieu important pour le Front de l'indépendance. Des textes y sont retapés sur des machines à écrire, des lettres y sont écrites et des stencils y sont tirés. En outre, des résistants viennent régulièrement sur place pour y tenir des réunions ou organiser des actions de soutien.  

De l'archiviste au coursier

La famille a constitué un maillon important dans la distribution de België Vrij, le journal clandestin du Front de l'Indépendance. Le journal a été créé en 1941 par un groupe de communistes dirigé par l’Anversois Willem (Wim) Luyten. Les premiers numéros de België Vrij ont été imprimés dans la commune d'Hemiksem, puis distribués dans la province d'Anvers avec l'aide des Venckeleers. Entre 1941 et 1943, environ treize numéros sont parus.

Lors de chaque parution, des exemplaires de België Vrij sont remis à la famille. Tous les membres aident à les emballer et à les distribuer. En outre, les Venckeleers collectent des fonds pour couvrir le coût du journal. Chaque membre de la famille a une tâche qui lui est dévolue: Fernand, le fils de 17 ans, conserve à la maison les archives du clandestin tandis qu'Antoinette et Maria sont chargées de sa distribution. Elles en déposent souvent des exemplaires dans les tramways ou les débits de boissons. En outre, l'importante de la contribution de la famille à la presse clandestine peut également être déduite du fait qu'elle reçoit les journaux de Wim Luyten, le chef de groupe anversois du FI. Un témoignage d'après-guerre mentionne en outre que les journaux clandestins sont généralement directement collectés par les Venckeleers au domicile de Wim Luyten.

Les risques liés à cette activité clandestine ne peuvent être sous-estimés. Les forces d'occupation traquent en permanence les membres de la résistance et le risque de délation est omniprésent. Les Venckeleers n’y échappent pas. Le 4 décembre 1942, tous les membres de la famille sont arrêtés par les services secrets allemands et emprisonnés dans la Begijnenstraat à Anvers. Selon certains témoignages d'après-guerre, l’arrestation est le résultat d'une délation. Wim Luyten et certains membres de la rédaction de België Vrij sont également arrêtés. Faute de preuves, la famille est libérée le 10 juin 1943. Après la guerre, Alfons a déclaré que leur arrestation est le résultat d'une infiltration, qui a conduit à l'emprisonnement de plusieurs membres importants du FI.

België Vrij - november '41
Institution : CegeSoma
Légende Web : Le deuxième numéro de België Vrij, novembre 1941.

Un héritage oublié

Après la guerre, tous les membres de la famille ont été reconnus comme prisonnier politique et résistant armé. Les parents sont également devenus membres de l’Union nationale de la Presse clandestine, une asbl créée après la guerre. Antoinette s’est lancée dans l'enseignement et s'est installée avec son époux à Wilrijk. Malgré l'importante contribution de la famille à la presse clandestine, celle-ci demeure peu connue dans la mémoire de la résistance de Mortsel après la guerre. Il n’y a pas non plus d’hommage dans l'espace public.

België Vrij - september '41 (nr. 1)
Institution : CegeSoma
Légende Web : En septembre 1941 le premier numéro de België Vrij paraît.
België Vrij - article sur la persécutions des Juifs (sep '41)
Institution : CegeSoma
Légende Web : En septembre 1941 België Vrij publie un message sur la persécution des Juifs.

Bibliographie

Gert De Prins, “Behoudt den moed, behoudt de hoop. De sluikpers in Antwerpen”, dans Tegendruk. Geheime pers tijdens de Tweede Wereldoorlog, Gand: AMSAB, 2004, p. 103-123.

José Gotovitch (red.), Guide de la presse clandestine de Belgique, Bruxelles: Centre de Recherches et d'Etudes historiques de la Seconde Guerre Mondiale, 1991, p. 10.

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268405.jpg Articles Front de l'Indépendance (Le) Maerten Fabrice
Pour citer cette page
Venckeleer (famille)
Auteur : Raemdonck Jonathan (Institution : UAntwerpen)
https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/personnalites/venckeleer-famille.html