Figure atypique du monde catholique, l’avocat démocrate-chrétien Marcel Grégoire (1907-1996) s’engage sans compter dans la lutte contre le nazisme et pour un parti travailliste dépassant les cloisons idéologiques.
Un engagement précoce contre l’extrême droite
Docteur en droit de l’Université libre de Bruxelles en 1930, Marcel Grégoire mène de 1930 à 1985 une brillante carrière d’avocat au barreau de Bruxelles. Par ailleurs, il intègre l’équipe rédactionnelle du bi-mensuel catholique La Cité chrétienne, dont il assume dès 1934 la direction. Il y prend farouchement position contre le régime nazi, mais aussi contre plusieurs personnalités politiques belges tentées par l’autoritarisme. Cette attitude intransigeante vis-à-vis de certains de ses compatriotes le contraint à démissionner en 1938 de La Cité chrétienne, mais aussi du quotidien catholique Le XXe siècle, dont il était devenu membre du comité de rédaction. Il publie alors des articles pour le quotidien démocrate-chrétien La Cité nouvelle.

Collection : La cité nouvelle, 3/8/1945
Légende d'origine : Marcel Grégoire
De La Libre Belgique clandestine au Front de l’indépendance

Légende d'origine : CegeSoma
Membre de l’équipe de La Libre Belgique clandestine dès le début de l’occupation, il récolte des renseignements pour plusieurs réseaux. Actif dans le Groupe G et le Mouvement national belge, il s’implique surtout à partir de l’été 1943 dans le Front de l'Indépendance, en participant à sa presse clandestine et en devenant membre du bureau national. Par ailleurs, il est co-fondateur de la feuille La Belgique de demain, aide à la reconstruction clandestine des syndicats chrétiens et distribue aux réfractaires des centaines de milliers de francs qu’il a contribué à récolter. Parvenu à Londres en mai 1944 pour y plaider la cause du FI, il en revient en septembre de la même année comme chef-adjoint des Forces belges de l’intérieur.
Le travaillisme à la Belge, un échec cuisant
Membre fondateur de l’Union démocratique belge, concrétisation d’un projet de parti travailliste sur lequel il a œuvré avec des amis, démocrates-chrétiens pour l’essentiel, depuis l’occupation. D’août 1945 à février 1946, il est ministre de la Justice avec l’étiquette UDB. L’échec de cette formation lors des élections de février 1946 met fin à ses ambitions politiques. Par la suite collaborateur libre de plusieurs journaux, dont surtout Le Soir, il est également l’auteur de nombreux écrits juridiques et politiques. Enfin, il participe activement aux travaux de l’Institut belge de sciences politiques, dont il devient président du conseil d’administration.

Collection : La Cité nouvelle, 4/8/1945
Légende d'origine : Les nouveaux ministres du gouvernement Van Acker, août 1945.
Bibliographie
Van Doosselaere, Michel, « Grégoire, Marcel », in : Nouvelle Biographie nationale : Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. 11, 2012, p. 171-174.