Belgique en guerre / Articles

Doctrine Galopin

Thème - Collaboration

Auteur : Luyten Dirk (Institution : CegeSoma)

Doctrine nommée après son promoteur (Alexandre Galopin) établissant une politique favorable à la production en faveur de l'Allemagne.

Pour vivre, il faut manger

Produire pour l'ennemi est punissable. Cependant, le comité Galopin, véritable gouvernement économico-financier de l'ombre et composé des représentants de la haute finance et de l'industrie, décide en juillet 1940 qu'il est préférable de travailler pour l'Allemagne.

La production alimentaire belge ne suffit pas pour répondre aux besoins du pays : importer est une nécessité. Suite à l'embargo britannique, ce ravitaillement ne peut venir que de l'Allemagne ou des pays sous le joug allemand. Afin de payer ces importations, la Belgique doit continuer  l’exportation de produits industriels.

Produire pour l’Allemagne permet aussi  d’éviter la déportation de main d'œuvre belge vers le troisième Reich (comme lors de la Grande Guerre), les nazis n'acceptant évidemment pas un chômage massif. Finalement, avec ce choix, la Belgique garde la main sur ses entreprises et peut décider des mesures à prendre pour sauvegarder sa position concurrentielle dans l'après-guerre.

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Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : Non légendée
Légende Web : Portrait d’Alexandre Galopin. Gouverneur de la Société générale de Belgique, il est à l’origine de la doctrine dite Galopin qui détermine la ligne de conduite à laquelle se réfèrent les entrepreneurs pendant l’Occupation. Il est assassiné en février 1944 par un commando de la DeVlag.

Restrictions à la production

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Institution : CegeSoma
Collection : Sipho
Droits d'auteur : CegeSoma
Légende d'origine : Fonderie d'acier.

La doctrine Galopin ne permet toutefois pas de produire tout et n'importe quoi en faveur de l'occupant. Elle contient un certain nombre de restrictions: interdiction de produire armes et munitions; fixation du volume maximum des exportations en fonction  du niveau d’importations des denrées alimentaires nécessaires; possibilité pour les fédérations sectorielles d’accepter ou de refuser les commandes allemandes. Cette dernière limitation permet d’éviter qu’une commande ne soit acceptée pour des motifs concurrentiels.

La doctrine mise en pratique

La doctrine est appliquée dans les secteurs contrôlés par les holdings, surtout dans l'industrie lourde en Wallonie (charbon, acier, métal). Les décisions sur les commandes allemandes « suspectes » y sont prise d’un commun d’accord. Certaines sont d’ailleurs refusées.  Sujet à la pression allemande, les industriels sont parfois contraint à accepter les exigences de l’occupant ou à s'accommoder d'un compromis.

Les arguments avancés dans la doctrine Galopin perdent rapidement leur pertinence. La Belgique souffre d'un manque récurrent de vivres. En décembre 1940, l'occupant n'accepte plus d'échanger fournitures alimentaires contre production industrielle. En octobre 1942, le travail obligatoire en Allemagne devient réalité. Malgré ces changements,  la doctrine n'est pas abandonnée. Elle est affinée et étendue en 1941 et 1942. Son objectif principal est désormais de sauvegarder l'économie belge tout au long de la guerre. Pour ce faire il faut absolument produire, ne fût-ce que pour que le contrôle des entreprises reste au main de la Belgique.

Bibliographie

Luyten, Dirk. Ideologie En Praktijk van Het Corporatisme Tijdens de Tweede Wereldoorlog in België. Brussel: VUB Press, 1997.

Van den Wijngaert, Mark. Nood Breekt Wet: Economische Collaboratie of Accommodatie: Het Beleid van Alexandre Galopin, Gouverneur van de Société Générale Tijdens de Duitse Bezetting (1940-1944). Tielt: Lannoo, 1990.


Pour en savoir plus...

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Pour citer cette page
Doctrine Galopin
Auteur : Luyten Dirk (Institution : CegeSoma)
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