L'exil des collaborateurs n'est pas une réalité propre à la Belgique. C'est un phénomène multiple, en termes chronologiques et géographiques. L'exil peut être intérieur ou extérieur.
À la fin de l'été 1944, la perspective d'une libération prochaine de la Belgique entraîne la fuite de collaborateurs vers l'Allemagne, où se retrouvent près de 10.000 néerlandophones et 5.000 francophones. Reflétant la diversité de la collaboration et ses dissensions, ces groupes sont intégrés à l'effort de guerre allemand, entre mobilisation politique, industrielle ou militaire.
Après la capitulation, des exilés retournent en Belgique et sont arrêtés à leur retour.
Georges Romain, Inspecteur à la Sureté de l’État : « ma mission consistait à dépister ces collaborateurs » (Jours de guerre, 25/04/1995, RTBF)
Au contraire, plusieurs centaines partent progressivement, dans une perspective de long terme, vers un nouvel exil. Ils espèrent ainsi échapper à la justice belge. Des collaborateurs s'exilent individuellement, en profitant de réseaux d'évasion et d'entraide, notamment autour de l'Eglise catholique, ou en profitant des limites ou de la complicité d'organisations internationales. Les pays de destination – parfois des étapes temporaires – sont à la fois intra ou extra-européens (entre autre France, Espagne, Suisse, Irlande, Amériques du Nord et Sud mais aussi Afrique du Sud).
Le but premier de l'exil est d'échapper à la justice. Il retarde et allonge l'exercice de la répression, multipliant les condamnations par contumace. L'exil débouche également sur des difficultés politiques et diplomatiques, comme l'atteste l'attitude du gouvernement dans le dossier Degrelle. Enfin, une dernière conséquence de l'exil est la création de sociabilités particulières chez ses acteurs, développant discours victimaires et nostalgiques.
De Bruyne, Eddy. Moi, Führer Des Wallons! : Léon Degrelle et La Collaboration Outre-Rhin, Septembre 1944 - Mai 1945. Bruxelles: Luc Pire, 2012.
Seberechts, Frank. “Onderduikers En Vluchtelingen Na de Tweede Wereldoorlog: Een Nieuwe Onderzoekspiste.” WT. Tijdschrift over de de Geschiedenis van de Vlaamse Beweging 67, no. 1 (n.d.): 55–65.