Sans doute l’un des collaborateurs belges les plus connus, Léon Degrelle a tout à la fois séduit et fait trembler bien des membres du monde catholique belge et au-delà. Son engagement dans la collaboration et ensuite sur le front de l’Est consolideront son image. Sa fuite et son exil espagnol termineront de parachever sa légende. Mais qui est-il ?
Une enfance privilégiée
Né le 15 juin 1906 dans une famille nombreuse et pieuse établie à Bouillon depuis 1896, le jeune Léon Degrelle passe une jeunesse sans problème aux côtés de son frère cadet Edouard et de leurs sœurs. D’origine française, son père, Edouard Degrelle, est un maître-brasseur prospère. Pilier local du parti catholique, il est élu conseiller provincial en 1904 et député en 1925.

Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : Photo prise à Bouillon le 24 mai 1920 à l' occasion de la célébration du 25e anniversaire du mariage de M. Edouard Degrelle avec Dame Marie Boever.
Légende Web : Léon Degrelle est au milieu, debout.

Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : [don Maurice Corbiau] Le 18.1.1979. "Cher Monsieur, Je vous remets ci-joint une photo d'école de 1918 avec la photo de notre ami Léon Degrelle (2e rangée des dessus 4e à gauche) pour votre documentation historique"
Léon Degrelle effectue un parcours classique dans l’enseignement catholique : école primaire, puis collège Notre-Dame de la Paix à Namur, en section gréco-latine. Comme nombre d’étudiants de sa génération, il subit l’influence néoroyaliste de « l’Action française », alors à son apogée. Après ses humanités, il reste à Namur pour des candidatures en « Philosophie et Lettres ».
Son enthousiasme à répandre la pensée de Charles Maurras et consorts le fait remarquer par un abbé de sa région, Louis Picard, aumônier de l’Association Catholique de la Jeunesse Belge (« A.C.J.B. »), grande formatrice des futurs cadres de la famille chrétienne.
D'étudiant médiocre à patron de presse
En 1925, il entre à l’Université de Louvain, où il obtient son diplôme de candidature en Philosophie et Lettres en juillet 1927. Outre la « guindaille », la littérature et la polémique, il se fait remarquer à partir d’octobre 1927 à la direction de L’Avant-Garde, feuille estudiantine tenue alors pour moribonde. Lorsqu’il la quitte quelques années plus tard, son tirage a cessé d’être confidentiel. Il écrit également une série d’opuscules, notamment Mon Pays me fait mal (1927), Les grandes farces de Louvain (1930), Les Taudis (1930) ou Les Flamingants (1928). Cette dernière brochure témoigne d’une admiration pour le développement de la Flandre et d’une certaine compréhension pour l’engagement du mouvement flamand.
Ces ouvrages attirent l’attention de l’abbé Norbert Wallez, directeur du quotidien Le XXème Siècle. Admirateur notoire du fascisme italien, l’abbé se pique d’être découvreur de talents. Il offre à Degrelle une place de rédacteur dans son journal, tout en le laissant poursuivre ses études, qu’il achève cependant en octobre 1930 sans le moindre diplôme.

Droits d'auteur : Droits réservés
Légende Web : "Rex" 2(1), 3 janvier 1936, p.1

Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Logo REX

Collection : SADO
Droits d'auteur : Droits réservés.
Légende d'origine : En 1934. Le Chef de Rex assiste, en spectateur, aux conférences anticléricales du défrogné Moreau avant d'y prendre la contradiction.
Peu après, l’A.C.J.B. lui confie la direction des Editions Rex, basées à Leuven et fondées un peu plus tôt sous le « logo » du Christ-Roi afin de centraliser les multiples publications de l’Action catholique. D’abord directeur-employé, il profite de la transformation des éditions en société coopérative en janvier 1931, pour en acquérir nombre de parts sociales grâce au soutien financier de son père. Il en devient administrateur-délégué, avec le coup de pouce du bienveillant abbé Picard.
Commence alors pour lui une période d’activité intense. Puisant ses collaborateurs parmi les jeunes cadres de l’A.C.J.B., il fait paraître coup sur coup une série de périodiques (Soirées, Rex, Vlan et Foyer) et diffuse des romans bon marché. Il s’applique alors à tisser un réseau relationnel dans les cercles politico-littéraires liés à l’establishment conservateur. Son sens certain de la publicité l’amène à être connu dans nombre de milieux chrétiens. Si, en 1932-1933, contrairement à une légende tenace, ce n’est pas lui qui « invente » les apparitions mariales de Beauraing et de Banneux, il en assure la promotion grâce à sa presse.
Les Editions Rex soutiennent, à force de tracts et d’affiches, le Parti catholique en difficulté lors des législatives de 1932, ce qui lui procure certaines sympathies. Il commence dès lors à présenter ce qui n’était encore qu’une maison d’édition comme « Un Mouvement catholique, un Mouvement de conquête ! ». Ces ambitions électorales, en se réclamant de la doctrine sociale de l’Eglise, contrarient l’A.C.J.B., qui se veut « apolitique ». Après une année de tensions croissantes, cette dernière se désolidarise de lui en janvier 1934, puis l’expulse quelques mois plus tard de l’immeuble qu’elle lui avait loué à Leuven.
Mais celui qu’on commence à appeler le « Chef de Rex » réussit à sauver la mise, au prix d’une banqueroute partielle, couplée avec des économies drastiques : en mars 1934, il fusionne Rex et Vlan une seule feuille, ouvertement polémique. Grâce à ses réseaux, il parvient à mettre sur pied une Nouvelle Société « La Presse de Rex », dont il reste le patron. Il peut ainsi, sa position consolidée, conquérir le terrain politique.

Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : Rex Universitaire. Résolutions votées à l'unamité par le Congrés de la "Fédèration Belge des Etudiants Catholigues" [1936]
Une ascension politique fulgurante

Collection : SADO
Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : Avant la grande bataille des élections de 1936 : le chef de Rex et le député rexiste Syndic après une séance à la chambre.
Le premier grand meeting public de Léon Degrelle se déroule au Cirque royal de Bruxelles, le 1er mai 1935. Il s’y découvre des talents de tribun, capable de soulever l’assistance par la puissance de son verbe. Or, à cette époque, l’opinion conservatrice est violemment émue tant par la crise économique persistante que par l’apparition d’un gouvernement d’Union nationale orienté au centre-gauche, avec participation des socialistes. Une série de scandales politico-financiers indigne également certains représentants des classes moyennes et des professions libérales.
Le Chef de Rex décide alors de se présenter comme un recours. Le 2 novembre 1935, à Courtrais, lors d’un congrès de la Fédération des Associations et Cercles Catholiques, il dénonce la corruption politicienne et les « banksters », terme « emprunté » aux socialistes … Le scandale suscite la colère de l’épiscopat, mais Degrelle passe outre.
Les législatives de mai 1936 approchant, il pose ses exigences aux instances dirigeantes du Parti catholique, qui décident alors de rompre avec lui le 21 février 1936, renonçant à intégrer en ordre utile, sur leurs listes, des « rexistes ». Degrelle et les siens se lancent dans la joute électorale sous leurs propres couleurs, espérant attirer les classes moyennes en colère, dont les groupements sont bien implantés à Bruxelles, à Liège et en Flandre méridionale.
Parallèlement, il entame une longue série de meetings aux relents populistes sous le signe du balai, sans hésiter à recourir aux insultes ou à la calomnie. Rejoints par des éléments épars de l’extrême droite et des représentants des classes moyennes, Degrelle sert de catalyseur à leurs frustrations. Au soir du scrutin, le 24 mai 1936, surprise : le « Front Populaire de Rex » a attiré 271.491 électeurs, soit 11,5 % du corps électoral belge, expédiant d’un coup, à la Chambre, 21 députés. Cela reste insuffisant pour abattre le régime, d’autant plus qu’on observe de grandes différences entre les régions. Le rexisme a surtout mordu sur l’électorat francophone et la province du Luxembourg, avec 29% des voix, constitue sans surprise son bastion.
En Flandre, avec la concurrence des nationalistes-flamands du Vlaamsch Nationaal Verbond (VNV) qui atteignent 13,56 % de l’électorat régional, il ne rallie "que" 7 % des votes. Ce score, représentant 72.000 voix, n’est cependant pas négligeable, car il témoigne de la capacité de Rex à séduire au-delà des seuls francophones de Flandre et à toucher une partie de l’électorat des classes moyennes, voire de la classe ouvrière, alors même que Degrelle ne maitrisera jamais correctement le néerlandais. Etonnamment, Rex réussit à devancer le VNV dans les arrondissements électoraux d’Anvers, d’Audenarde et de Courtrai. Son anticommunisme a également contribué à ce succès.
Mais cette victoire du 24 mai 1936 est la seule jamais enregistrée par Degrelle. Prisonnier de son tempérament, il sera incapable d’inscrire son action dans la durée, notamment de négocier des concessions tactiques.

Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Rex - Vaincra. Edition spéciale pour l'Arrondissement de Charleroi le 24 Mai 1936
Légende Web :
L'échec des tentatives d'alliances politiques
Il entame à l’été 1936 une marche frénétique au pouvoir, mais en ignorant les appels de conservateurs chrétiens, tels que Gustaaf Sap, du Standaard ou Charles D’Aspremont-Lynden, à bâtir une « Concentration des Droites » qui éliminerait la « tripartite d’Union nationale ». Les rexistes n’auraient obtenu que quelques ministères alors que Degrelle voulait la première place ! Les résultats de Rex en Flandre ont galvanisé son appétit et il souhaite se déployer dans le Nord du pays. Le parti publie la brochure « Rex en Vlaanderen » dans laquelle il préconise l’unilinguisme, ce qui est incohérent avec d’autres déclarations. Degrelle met également en chantier la création d’un secrétariat flamand dirigé par l’écrivain et sénateur rexiste flamand coopté, Paul De Mont et d’un quotidien rexiste flamand, De Nieuwe Staat, sans que ces activités ne soient abordées dans Le Pays réel, son journal francophone.

Collection : SADO
Droits d'auteur : Droits réservés
Légende Web : Léon Degrelle prononce un discours, abordant derrière le portrait du Führer.

Légende d'origine : "Le Pays réel", 18(8), 1944, p. 1.

Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Le complot fasciste REX-VNV : Rex démoli par le VNV. Le VNV traité de « buveurs de bière » par REX. La presse hitlérienne alignée applaudit le complot fasciste. (par le Comité antifasciste des fédérations bruxelloises, 1936)
Il courtise aussi les milieux ultra-belgicistes, anciens combattants (Croix-de-Feu, Fraternelles de l’Armée de Campagne) et Légion Nationale. Il décide d’organiser une grande manifestation le 25 octobre, journée commémorative de la bataille de l’Yser. Mais l’impatience de Degrelle fait tout rater : le 8 octobre, ses partenaires belgicistes apprennent qu’il a conclu un accord de coopération avec le… VNV, tenu pour le diable dans ces milieux, en raison de ses tendances séparatistes. En contact avec ces nationalistes flamands dès juillet 1936, Rex se montre même partisan du fédéralisme, une prise de position en rupture avec bien d’autres plaidoyers. Rendu public, l’accord suscite à la fois étonnement dans les rangs nationalistes flamands et incompréhension quasi-totale dans les milieux rexistes, et au-delà.
Echaudés, les ultra-patriotes rompent les ponts. Degrelle s’obstine, mais, trois jours avant la date fatidique, le gouvernement Van Zeeland interdit sa « Marche sur Bruxelles » et transforme ainsi la manifestation en échec retentissant : 5.000 participants au lieu des 250.000 attendus … Bien que mort-né, l’accord Rex-VNV a remué les esprits. Les milieux catholiques flamands craignant la mise en œuvre d’un front catholique alternatif relancent l’idée d’une union flamande et aboutissent, le 8 décembre 1936, à un accord de principe entre l’aile flamande du Parti catholique (KVV) et le VNV.

Droits d'auteur : Droits réservés
Légende Web : Caricature de Léon Degrelle, représenté comme la "prostituée" de Hitler (gauche) et Mussolini (droite). Affiche du Parti Ouvrier Belge en vue des élections d'avril 1937. L'affiche se trouve dans le hall des bâtiments du CegeSoma.
Le déclin électoral et la radicalisation politique

Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Non légendée
Au seuil de l’hiver 1936-1937, Degrelle semble dans une impasse tandis que ses adversaires contre-attaquent, multipliant sur les murs le slogan : « Rex = Hitler ». Il reçoit une bouffée d’oxygène grâce à ses contacts discrets dans la famille chrétienne. Le 27 février 1937, après une entrevue avec Gustaaf Sap et Charles d’Aspremont-Lynden, il décide de provoquer une élection partielle à Bruxelles afin de se présenter lui-même et essayer de regrouper dans son sillage toutes les forces de droite.
Début mars, un député rexiste de la capitale démissionne, suivi par l’ensemble de ses suppléants. Une nouvelle élection est inévitable. Pour espérer l’emporter, Rex table sur des candidatures en ordre dispersé de ses adversaires. Mais seul le Premier ministre Van Zeeland relève le gant, soutenu par tous les partis démocratiques.
Plutôt que de se retirer, le Chef de Rex s’obstine. Ses adversaires ne se privent pas de pointer du doigt son accord avec le VNV, « anti-belge et fascisant ». Par un ultime faux-pas, il provoque la colère du cardinal Van Roey, qui, l’avant-veille de l’élection, affirme que Rex constitue un danger « pour le pays et pour l’Eglise ». Résultat : seuls 19 % des électeurs votent pour lui, alors que Paul Van Zeeland recueille 75,8 % des suffrages.
Ce coup dur met directement en cause ses capacités de chef. Les subventions italiennes reçues en catimini s’interrompent et les plus lucides de ses collaborateurs se retirent. Le VNV suspend le fameux accord le 25 juin 1937 avant de le résilier carrément (17 septembre 1937). Il n’avait servi qu’à couper les ailes de Rex-Vlaanderen et à rendre beaucoup moins audible son quotidien, De Nieuwe Staat.
Refusant, après quelques hésitations, de rallier le nouveau Bloc Catholique Belge, Degrelle s’enfonce peu à peu dans la voie de la radicalité politique, faisant de son mouvement populiste une formation ouvertement fascisante. L’antisémitisme apparait dans sa dialectique, couplé avec une xénophobie virulente. Ses tentatives de relance (Etats-Généraux de Rex les 6-7 novembre 1937, Congrès national d’Onze-Lieve-Vrouw-Lombeek le 10 juillet 1938) n’empêchent pas Rex de décliner à partir de l’automne 1938.
L’hémorragie des membres s’accélère avec la « crise de Munich ». De plus en plus fasciné par l’Allemagne nazie, Degrelle s’en prend, au nom du pacifisme, à la Tchécoslovaquie sacrifiée au Reich, avec une telle violence qu’il est désormais massivement perçu par l’opinion comme un agent hitlérien. Le recul général de ses listes lors des « communales » d’octobre sanctionne son attitude. Enfin l’« affaire Martens » (un ex-activiste de 14-18 nommé à la tête de la nouvelle académie flamande de médecine) achève de le brouiller avec ses électeurs flamands, faute d’une attitude claire. La forte tension entre cadres francophones et flamands de Rex les empêche de définir une position commune sur cette question. Ayant pris parti pour le docteur Mertens, les membres de Rex-Vlaanderen sont exclus de la formation.
Aux élections législatives du 2 avril 1939, Degrelle est élu député à Bruxelles, mais c’est la débandade parmi les siens. Les rexistes ne conservent que 4 sièges sur 21, ne rallient plus que 4,43 % du corps électoral national, disparaissent à peu près complètement en Flandre et ne conservent une relative présence que dans les arrondissements de Bruxelles, Liège, Verviers et Dinant-Philippeville.

Collection :
Droits d'auteur : Droits réservés
Légende Web : Affiche du Mouvement Ouvrier Belge en vue des élections de 1937. L'affiche se trouve dans le hall des bâtiments du CegeSoma.
La collaboration et l'engagement militaire avec les nazis

Collection : BelgicaPress
Droits d'auteur : Droits réservés
Légende Web : "Le Pays Réel", 12 mai 1940, p. 1
Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Rex évolue dans un univers de plus en plus hostile. Son ultra-pacifisme durant la « drôle de guerre » en fait un allié objectif de l’Allemagne nazie et achève de le perdre dans l’opinion.
Léon Degrelle est arrêté le 10 mai 1940, sur décision gouvernementale. Transféré d’abord à la prison de Bruges, remis aux autorités françaises et soumis à des interrogatoires « musclés », il échoue finalement au camp du Vernet, dans le sud de la France.
Rapatrié en Belgique grâce à l’intervention de l’ambassadeur allemand Otto Abetz, il revient à Bruxelles le 30 juillet et active la relance de Rex. Il contacte diverses personnalités de l’establishment (le cardinal Van Roey, le comte Capelle, secrétaire du Roi, le libéral Albert Devèze, le socialiste Henri de Man) pour s’emparer du pouvoir en douceur.
Mais c’est un échec : tout le monde se méfie de lui et même la Militärverwaltung ne le prend pas au sérieux. Il s’oriente alors vers une radicalité outrancière afin d’arracher la confiance de l’occupant. Cette fuite en avant se poursuit jusqu’au bout. Début janvier 1941, tant dans Le Pays réel, que dans un meeting à Liège, il lance des « Heil Hitler » spectaculaires.
Après s’être partagé la Belgique avec ses « amis politiques » du VNV en mai 1941, il s’engage en août dans une « Légion Belge Wallonie » pour aller combattre le communisme les armes à la main. Il s’enorgueillira durablement de son comportement sur le front de l’Est. En janvier 1943, il proclame la « germanité » des Wallons et se démène pour obtenir l’intégration en juin 1943 de la Légion Wallonie dans la Waffen SS sous le label d’une SS-Sturmbrigade « Wallonien ».

Collection : SADO
Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : Le capitaine salue ces soldats pe[...]. Samedi 1 avril a eu lieu à Bruxelles un grand défilé de combattants de la légion Wallonie revenant du front russe. En récompense de leur conduite héroique dans la bataille d'encerclement de Tscherkassy un congé spécial leur a été accordé et c'est pour la première fois qu'ils ont pu revenir au pays et revoir leurs foyers. A cette occasion le capitaine Léon Degrelle a decerner au nom du Fuhr[...] des docarations auxplus vaillants d'entre eux. La population réserva un acceuil chaleureux et enthousiaste aux légionnaires.

Droits d'auteur : Droits réservés
Légende Web : La légion Wallonie rentre du front de l'Est, avril 1944.
Ainsi, Léon Degrelle va plus loin dans la collaboration que les nationalistes-flamands du VNV, acceptant que la Belgique, sous une forme fédérale, soit intégrée au Reich. L’immense majorité des Wallon·e·s le tiennent désormais pour un traître abominable et les représailles de la résistance s’abattent sur son parti et sur les siens.
Réfugié outre-Rhin après la Libération et abondamment décoré par le Führer, il tente, avec ses derniers fidèles, un ultime « come-back » dans les bagages de la Wehrmacht lors de l’« Offensive des Ardennes ».
La fuite et l'exil espagnol
Par conséquent, en décembre 1944, Degrelle est condamné à mort par contumace par le Conseil de guerre de Bruxelles. Le 7 mai 1945, il s’envole pour l’Espagne franquiste dans l’avion personnel du ministre Speer. L’appareil s’écrase sur une plage de San-Sebastian. Blessé, mais sauvé, Degrelle va connaître plusieurs dizaines d’années d’exil entre Madrid, Séville et Malaga. Il y peaufine son image de « premier des combattants européens » ou des « dernier des chefs fascistes vivants » et accorde de temps à autre des interviews. Les diverses tentatives pour obtenir son extradition échouent : l’Espagne considère qu’il a été condamné pour des raisons politiques et ne procède pas à des extraditions pour ce motif.
Déchu de sa nationalité belge et considéré dès lors comme mineur par le droit espagnol, il est adopté en 1954 sous le nom de Léon José de Raminez, devenant ainsi Espagnol et se trouvant désormais relativement à l’abri. Il publie de nombreux ouvrages et continue d’être l’objet d’un culte parmi les anciens rexistes, voire même auprès de certains nationalistes flamands.
Prisonnier de son idéologie d’extrême droite, adoptant même des positions négationnistes, il n’est probablement jamais revenu en Belgique. Sa condamnation à mort devient caduque le 27 décembre 1964 mais le Parlement belge adopte une loi prolongeant de dix ans les délais de prescription. Assimilé à un «étranger indésirable», il est interdit d'entrée en Belgique par un arrêté ministériel du 17 juin 1974, renouvelé en juillet 1984.

Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : Léon Degrelle, en Espagne 1949.

Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Non légendée
Légende Web : Maurice Dewilde interroge, pour la première fois, Léon Degrelle sur le plateau de "De Nieuwe Orde" en 1981-1982.
Degrelle refait parler de lui par ses prestations dans la série « De Nieuwe Orde » dans les années 80, qui, chose exceptionnelle, est également diffusée par la télévision francophone où les interventions de l’ancien chef de Rex sont encadrées par la participation d’historien·ne·s. Sa présence y suscite plus de débat que dans le monde néerlandophone.
La seule existence de Degrelle explique-t-elle le refus du monde politique francophone de toute forme d’amnistie ? Probablement pas, dans la mesure même où, dès l’entre-deux-guerres, cette revendication avait suscité de larges débats dans le monde politique wallon et francophone. Les points de vue adoptés après 1945 s’inscrivaient dès lors dans la continuité à la fois du patriotisme belge et de l’antifascisme. Aucun courant politique n’ayant émergé en revendiquant l’héritage du rexisme, l’exigence d’une amnistie n’aurait dès lors pas été très rentable électoralement parlant.
Il n’en demeure pas moins que, du côté francophone, l’homme a longtemps continué de susciter au moins une certaine curiosité. Degrelle reste une personnalité controversée, atypique et emblématique de la crise de la démocratie que la Belgique a connu dans la seconde moitié des années trente.
Après sa mort le 31 mars 1994, l’exhumation de Léon Degrelle sur le sol belge est interdite par un arrêté royal du 18 avril 1994. Néanmoins, une partie de ces cendres aurait été dispersée près de Bouillon.

Collection : SADO
Droits d'auteur : Rechten voorbehouden
Légende d'origine : Samedi 1 avril a eu lieu à Charlerloi un grand défilé de combattants de La Légion Wallonie revenant du front russe [...]. A cette occasion le Capitaine Degrelle à, décerné au nom du Fuhrer des décorations au plus baillants d'entre eux.
Bibliographie
Bauwens, Jan, Piet Terlouw & Hans C. Ebeling. 1967. Degrelle. Bruxelles, Russie, Madrid. Anvers : De Goudvink.
Cheyns, Bruno. 2017. Léon Degrelle, de Führer uit Bouillon. Anvers : Vrijdag.
Colignon, Alain. 2001. "Degrelle". Dans Nouvelle Biographie Nationale, Tome VI, Bruxelles : Académie Royale de Belgique, p. 111-123.
Colignon Alain & Kesteloot Chantal, Degrelle, Degrelle, Léon | De digitale Encyclopedie van de Vlaamse beweging
Conway, Martin. 1991. Collaboratie in België : Léon Degrelle en het rexisme. Grand-Bigard : Globe.
Dannau, Wim. 1973-1979. Zo sprak Léon Degrelle. Wemmel : De Skorpioen.
De Bruyne, Eddy. 1997. La collaboration francophone en exil. Septembre 1944-mai 1945. Housse : Chez l’auteur.
Degrelle, Léon. 1936. J’accuse M. Segers d’être un cumulard, un bankster, un pillard d’épargne et un lâche. Kessel-Loo : Degrelle.
Degrelle, Léon & Paul De Mont. 1936. Rex en Vlaanderen. Bruxelles : Rex.
Degrelle, Léon & Paul Leenaards. 1992. Veldtocht in Rusland. Anvers : Tyr.
Etienne, Jean-Michel. 1968. Le mouvement rexiste jusqu’en 1940. Paris : CNRS.
Verstraete, Pieter Jan. 2011. Le beau Léon. Léon Degrelle. Soesterberg : Aspekt.