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Femmes et résistance: le cas de Court-Saint-Étienne

Thème - Résistance

Auteur : Wattecamps Loriane (Institution : UCL)

À Court-Saint-Étienne, comme partout en Belgique, certains décident de lutter contre l’Occupant. Si les femmes sont moins présentes que les hommes dans l’activité résistante de la petite cité (28 femmes contre 146 hommes parmi les résistants reconnus), elles ne sont pas moins actives. Présentes en grande majorité au sein du Front de l’Indépendance (FI) (27 femmes sur 28), elles se démarquent particulièrement par des actions de solidarité et d’entraide (26 femmes sur 28).

Une sous-représentativité à nuancer

La plus faible présence des femmes au sein de la résistance à Court-Saint-Etienne n’est pas anodine. Les contraintes familiales assignées aux femmes en sont notamment la cause. Leur faible présence est également liée à leur maigre participation à la vie publique. Mais dès lors qu’elles exercent une occupation professionnelle, elles sont aussi plus nombreuses à s’engager. 

Mais il y a également d’autres éléments à épingler. En effet, certaines ne ressentent pas le besoin de se faire reconnaître et un nombre plus élevé de femmes participe, d’une certaine manière à la résistance, en pratiquant une aide à leurs époux résistants, facteur parfois non visible au sein des documents de reconnaissance. 

Les femmes et la résistance dans le couple. Rôle de soutien ou rôle à part entière ?

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Institution : CegeSoma
Légende d'origine : Irma Caldow, membre des Partisans armés et du Groupe G de Givry (Hainaut), photographiée ici à Solre-sur-Sambre, vers 1943-1944.

Une tendance est observable à Court-Saint-Étienne : au sein du couple, l’homme et la femme font partie de la même organisation.

Souvent, la femme exerce une activité qui soutient celle de son époux, en particulier lorsqu’il occupe un rôle supérieur avec un poids décisionnel au sein de l’organisation. Cependant, l’action réalisée est ressentie comme une association et non une soumission. C’est notamment le cas de Maria Peeters et Florian Stache. Ce dernier, responsable régional de la presse clandestine, déclare que son épouse l’aide via le transport de la presse clandestine au domicile de certains résistants et via une collaboration active pour le pliage et la préparation de paquets de journaux clandestins.

Dans d’autres cas, les activités exercées par le couple dans la résistance peuvent aussi faire l’objet d’une complémentarité. Ainsi, chacun met en exergue ce qu’il a la capacité de faire. Cela s’illustre chez Marthe Vanbruggen et Louis De Beukelaer. L’épouse confectionne des souvenirs et des peintures que son mari vend au profit de la Solidarité du FI.

Enfin, certaines activités sont exercées par les deux conjoints, notamment en ce qui concerne l’hébergement de certains réfractaires au domicile familial. À cet égard, le cas d’Irma Libert et Edmond Rousseau est évoquant. Tous deux membres du FI et des Milices Patriotiques (MP), les époux mènent main dans la main le combat résistant. Ils hébergent des résistants, des parachutistes et des Juifs à qui ils fournissent en outre de faux papiers. Les conjoints œuvrent également dans la collecte de fonds pour la Solidarité du FI et constituent un dépôt d’armes. Seul, Edmond Rousseau réalise des liaisons en vue de sabotages et participe aux combats de la Libération. 

Un rôle davantage lié à la résistance civile

Les femmes sont plus fortement actives au niveau de la solidarité et de l’entraide. Elles sont amenées à aider les autres, une forme d’engagement associé aux valeurs familiales. De plus, celle-ci offre un résultat visible et donc réconfortant.

Les activités sont diversifiées et les plus observées sont les suivantes : l’hébergement de réfractaires (notamment au travail obligatoire en Allemagne), de maquisards, de prisonniers fugitifs ou encore de Juifs, la récolte de fonds (argent, vêtements, vivres) et la vente d’objets destinés à aider les familles dans l’illégalité ou bien les familles de fusillés. 

Seules ou en couple, les résistantes de Court-Saint-Etienne allient, pour la plupart, lutte contre l’occupant et vie de famille.  Rôle de soutien, complémentaire ou à part entière, les femmes participent, à leur façon, à la lutte contre l’ennemi en s’engageant principalement dans la résistance civile.

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Institution : CegeSoma
Légende d'origine : La Voix des Femmes n°2, juin 1941

Bibliographie

Debruyne, Emmanuel. « Les femmes dans les services de renseignements belges » dans Vandenbussche, Robert, dir., Femmes et Résistance en Belgique et en, zone interdite. 1940-1944, Acte de colloque de Bondues – janvier 2006, Lille, 2007.

Lacour-Astol, Catherine. « Les résistantes du nord : un engagement précoce, des parcours diversifiés » dans Vandenbussche, Robert, dir., Femmes et Résistance en Belgique et en, zone interdite. 1940-1944, Acte de colloque de Bondues – janvier 2006, Lille, 2007.

Lesage, René. « L’engagement des paysans dans la Résistance : l’exemple du Pas-de-Calais » dans Vandenbussche, Robert, dir., L’engagement dans la Résistance (France du nord-Belgique), Acte de colloque de Bondues-octobre 2001, Lille, 2003.

Maerten, Fabrice. « La Résistance, facteur d’émancipation des femmes ? Le cas du Hainaut » dans Cahiers d’Histoire du Temps présent/Bijdragen tot de Eigentijdse geschiedenis, n°4, 1998, https://www.journalbelgianhist....

Maerten, Fabrice, dir. Papy était-il un héros ? Sur les traces des hommes et des femmes dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, Bruxelles, 2020. 

Verhoeyen, Etienne. La Belgique occupée : de l’an 40 à la Libération, Bruxelles, 1994.

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Pour citer cette page
Femmes et résistance: le cas de Court-Saint-Étienne
Auteur : Wattecamps Loriane (Institution : UCL)
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