Belgique en guerre / Articles

“Train fantôme”

Thème - Résistance

Auteur : Colignon Alain (Institution : CegeSoma)

A l’heure où l’occupant est aux abois et la libération imminente se pose la question des milliers de détenus dans les prisons et autres camps sous le contrôle des Allemands.

Un départ sans cesse retardé

Dans la perspective d’une reconquête de la Belgique par les Alliés, le Reichssicherheitshauptamt (RSHA ou office central de la sécurité du Reich) ordonne, en août 1944, de « vider » les prisons et les camps du pays et d’expédier les détenus vers le Reich. Le gros de la besogne s’accomplit durant le mois. Au matin du 2 septembre, la prison de Saint-Gilles est à son tour évacuée par les Allemands. Ceux-ci entassent quelque 1500 prisonniers dans un train de marchandises à la gare du Midi. Le départ est prévu à 10 heures. Mais le sous-chef de gare Michel Petit, avec l’aide de son personnel, prétextant des avaries (inexistantes) parvient à retarder l’opération jusqu’à 15 H  30. Lorsque le convoi s’ébranle, il progresse à une vitesse d’escargot : les signaux virent constamment au rouge tandis que le machiniste et le chauffeur, prétextant des défaillances techniques, multiplient les arrêts.  A 23 H 40, le train n’a pas encore dépassé Malines !. La locomotive s’immobilise pour de bon et l’arrivée d’une machine de secours n’arrange rien : on assure aux Allemands que le ravitaillement en eau fait défaut, que le convoi est trop long, que la voie est coupée… En désespoir de cause, le train est renvoyé à Schaerbeek puis vers la gare de Petite-Ile.

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Institution : CegeSoma
Collection : Actualit
Droits d'auteur : CegeSoma
Légende d'origine : La Prison de St. Gilles à Bruxelles
Légende Web : Couloir de la prison de Saint-Gilles en 1939. Pendant la guerre, la prison continue de fonctionner. Certaines de ses sections sont réquisitionnées par l’occupant allemand pour y incarcérer des détenus en particulier.

A l’heure de la libération de Bruxelles

On est alors le 3 septembre, à 8 H 30. Les Alliés approchent de Bruxelles. Dépassés, pressés de s’éclipser, des gardiens allemands jettent l’éponge, ouvrent les portes des wagons-ce qui permet à quantité de détenus de se perdre dans la nature. Des tractations entre l’avocat Freddy Eickhoff, assisté de représentants de la Croix-Rouge, des consuls des puissances neutres et l’ambassadeur du Reich officialisent la situation : le dernier convoi de déportation ne partira pas, à condition que les grands blessés allemands de l’hôpital Saint-Jean, intransportables, soient traités humainement. Ainsi s’achève l’aventure du « train fantôme ».

Bibliographie

Ponty René, L'heureuse et patriotique odyssée des 1500 prisonniers civils encore détenus par les Allemands à la prison de Saint-Gilles, le 2 septembre 1944 à la veille de la libération de Bruxelles par les troupes alliées, S.L.E., Amicales des Prisonniers Politiques, 1945.

Vankelette Renée, Le train fantôme, Soignies : P.A.C., 2003. 

Pour citer cette page
“Train fantôme”
Auteur : Colignon Alain (Institution : CegeSoma)
https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/articles/train-fantome.html