Historien, Archiviste (AGR 2)
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Historien, Archiviste (Anvers - Beveren)
Les éditions Racine viennent de publier l’ouvrage « Les 242 dernières exécutions en Belgique ». Quatre historiens y reconstituent et analysent l'exécution de 242 collaborateurs après la Seconde Guerre mondiale. L'intérêt pour ces événements n'est pas neuf. Mais la méthodologie, et plus particulièrement les sources que les auteurs ont étudiées si méticuleusement, le sont. Pour la première fois, ils ont pu travailler sur base des sources les plus importantes en la matière : les archives de la justice militaire et, plus spécifiquement, celles de l'Auditorat général. Outre de nombreux nouveaux éléments, cette approche a également permis l’accès à de nombreux documents iconographiques inconnus jusqu’à présent.
Les archives juridiques peuvent être particulièrement riches en photographies. On le sait depuis longtemps. Malheureusement, c'est beaucoup moins vrai pour les archives de la justice militaire. Mais il y a parfois des exceptions à cette règle, par exemple en ce qui concerne les exécutions de collaborateurs condamnés à mort. En effet, l'Auditorat général demande aux auditeurs militaires compétents de procéder à des prises de vue. Seules quelques exemples de cette série d'images figurent dans le livre. Afin de faciliter la consultation de la série, les Archives générales de l'État 2 - Dépôt Joseph Cuvelier (qui conservent ces photos) ont décidé de procéder à leur numérisation.
Il s'agit de quelque 300 clichés dont 225 environ sont des "originaux". Ceux-ci ont été pris lors d'exécutions à Bruxelles (prison de Saint-Gilles et d'Ixelles), à Anvers (boulangerie militaire), à Namur (citadelle) et à Malines. Tous les lieux d'exécution n’ont donc pas été photographiés et les 242 exécutés ne sont pas tous représentés en image. La collection ne contient par exemple pas de photos de l'exécution d'Irma Laplasse (Swertvaeger), Leo Vindevogel, Theo Brouns, August Borms, Fernand Faignaert, Lambert Janssens, Louis Huygen, Philipp Schmitt et de nombreux autres. On ignore pourquoi les exécutions des personnes énumérées ci-dessous, quarante et une au total, ont été photographiées.
La série de l'auditeur général montre des images des exécutions de : Paul Herten et Joseph Gaston Hoogeveen (13 novembre 1944, Saint-Gilles) ; Carolus Schellekens, Alfons Claessens et Edward Schoolaert (20 février 1945, Anvers) ; Paul Desaar et Jan Bergmans (21 février 1945, Anvers), Stephane Laureys (23 février 1945, Anvers) ; Petrus Janssens et Albert Van Dongen (15 mars 1945, Anvers) ; Ludovicus Peereboom et Maurice Maebe (16 mars 1945, Anvers) ; Jules Lhost (22 mars 1945, Sint-Gilles) ; Charles Lagast et Remigius Van Rossem (4 mai 1945, Anvers) ; Jozef De Coster et Frans Horemans (19 mai 1945, Anvers) ; Maurice Sotiau (7 août 1945, Namur) ; Victor Meulenyzer (30 août 1945, Saint-Gilles) ; José Streel (21 février 1946, Ixelles) ; Marcel De Saffel, Petrus Van Praet, Alfons Lampaert, Sally Lewin, Karel Carleer, Felix Brusselaers, Georges Vermeulen, Eugène Raes, Walter Obler et Guillaume Hermans (12 avril 1947, Malines) ; Raymond Stampe, André Motte, Prosper Mouton, Désiré Istasse, Joseph-Gaston Schoonbroodt, Marcel Putzeys, Théodor Van Cothem, Joseph Kesteleyn, Christian Coppin, Cyrille Rombaut et Louis Francois (24 mai 1947, Namur).
Les photos elles-mêmes donnent une vision claire de l'exécution. Elles montrent la scène de l'événement, son organisation et ce qu'elle implique. Bien sûr, l'attention se porte surtout sur les condamnés eux-mêmes. Mais les aumôniers, les gendarmes du peloton d'exécution, les représentants de la justice militaire (magistrats et greffiers), les spectateurs et même les entrepreneurs de pompes funèbres avec les corbillards sont également très bien représentés. Les images suivent le rythme des différentes "phases" d’une telle exécution. Tout commence par l'arrivée du condamné à mort. Ensuite, on assiste successivement à l'attachement au poteau, à la lecture du verdict ou du jugement et arrêt, au bandage ou non des yeux, aux tirs, à l'éventuel coup de grâce, à l'enlèvement du poteau, à la confirmation de la mort, à la mise en cercueil et, enfin, au transport avec le corbillard.
Les clichés conservés dans la collection de l'Auditorat général ne sont pas tous stricto sensu des originaux. Pour les exécutions d'Anvers et de Malines, par exemple, l'auditeur militaire compétent a fait appel aux services du laboratoire de la police judiciaire d'Anvers. Ceux-ci avaient des photographes qui ont été chargés d'assister à certaines exécutions.
La mission des photographes du laboratoire de la police judiciaire consiste, de manière générale, à prendre des photos d'une scène de crime. Il s'agit généralement d'un crime (grave) ou d'un accident (de la route). Photographier des exécutions n'était donc pas une mission "ordinaire" pour les photographes en raison de sa nature exceptionnelle.
Dans des registres méticuleusement tenus, les photographes notaient la date, le nombre et la nature des photos qu'ils avaient prises au cours d'une journée, ainsi que les personnes qui les avaient commandées. Chaque négatif sur verre recevait ensuite un numéro d'enregistrement unique. Le laboratoire de la police judiciaire d'Anvers a ainsi constitué une gigantesque collection de plus de 100 000 négatifs (sur verre) allant de 1924 aux années 1980. Les tirages positifs ont été versés au dossier d'instruction, mais les photos des exécutions ont été transmises à l'auditeur militaire d'Anvers, qui les a ensuite transmises à l'auditeur général. Les photos transmises ont ensuite rejoint la collection de l'Auditorat général.
Les photographes du laboratoire d'Anvers ont également photographié l'exécution de Fernand Wyss, bourreau de Breendonk, (12 avril 1947, Anvers), dont les photos avaient déjà été publiées dans le livre de l'historien Mathieu Vanhaelewyn. Il en va de même pour l'exécution de Hendrik Vandersmissen (4 mai 1948, Malines) et d'Albertus Van Diest (5 mai 1948, Anvers). Pour des raisons encore obscures, ces photos sont absentes de la collection de l'Auditorat général. Elles sont heureusement conservées dans les archives de l’auditorat militaire d’Anvers.
Cette méthode de travail permet d’espérer de retrouver à l’avenir d’autres images d'exécutions de collaborateurs condamnés à mort dans les archives d'autres laboratoires de police judiciaire.
La raison pour laquelle ces photos ne sont apparues que maintenant, 79 ans après les premières exécutions, doit être recherchée dans la structure et l'histoire complexes des archives de l'auditorat général. Pendant longtemps, l'accès à ces archives a été très limité pour les chercheurs. Les quelques séries auxquelles les chercheurs et les proches avaient accès étaient les dossiers de jugement et d’arrêt et un nombre limité de dossiers de documentation. Les autres séries de l'Auditorat général sont restées pour la plupart inaccessibles. En ce qui concerne ces photos, ce constat est à prendre au pied de la lettre. Jusqu'à ce jour, elles font partie des dossiers dits "S" ou "SECR". Ceux-ci contiennent presque exclusivement des documents sensibles ou classifiés que l'auditeur général avait personnellement mis de côté. En tant que tels, ils n'étaient destinés qu'à l'Auditeur général et/ou à l'un des substituts ou avocats généraux. Contrairement à ce que l'on a longtemps cru, l'abréviation "SECR" ne signifie pas "Secret", mais plutôt "Secrétariat". C'est le secrétaire de l'auditorat général, également le plus haut fonctionnaire, qui veillait personnellement sur ce système d'archivage. Actuellement, l'inventaire de cet ensemble de dossiers est en cours.
Toute personne souhaitant examiner de plus près ces photographies numérisées doit, comme pour les dossiers dits "de répression" en général, en demander l'autorisation au Collège des procureurs généraux. Le Collège est chargé d'évaluer les demandes de consultation des archives des juridictions militaires abolies en 2003 et, à ce titre, décide de leur accès. Pour plus d'informations sur cette procédure ou plus généralement sur les archives de l'Auditorat général, vous pouvez toujours vous adresser au dépôt Cuvelier (AGR2) ou aux autres dépôts des Archives de l'État. Les coordonnées sont disponibles sur le site web des Archives de l'État.
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Mathieu Vanhaelewyn, De laatste salvo's. Het verhaal van de 242 vergeten executies in België (1944-1950), Gent, 2016.
Elise Rezsöhazy, Dimitri Roden, Stanislas Horvat en Dirk Luyten, Les 242 dernières exécutions en Belgique. Les séquelles de la collaboration 1944-1950, Bruxelles, Racine, 2023.
