Selon sa gravité, toute forme de collaboration peut entraîner après la guerre une condamnation à mort. En pratique, les tribunaux militaires prononcent cette sentence à environ 2.940 reprises. Dans plus de la moitié des cas, il s'agit de condamnations par contumace, de personnes qui ne sont pas présentes lors de leur procès. Certaines d'entre elles se sont enfuies pour échapper à la justice, mais d'autres ne peuvent rentrer à temps en Belgique pour cause de force majeure, ou sont décédées sans que la Belgique ne le sache. Quant à ceux qui sont bien présents au tribunal, il leur reste encore, après le verdict définitif, la possibilité de bénéficier d'une grâce.
242 personnes au poteau d'exécution
Avant la guerre, l'application de la grâce, privilège royal, commue presque chaque condamnation à mort en un emprisonnement à perpétuité, mais entre 1944 et 1950, 242 personnes sont fusillées. Dans 237 cas, le peloton d'exécution ôte la vie à des collaborateurs belges. Quatre d'entre eux sont des femmes et une petite majorité est francophone (56 pour cent). La plupart des personnes exécutées ont, directement ou indirectement, du sang sur les mains, qu'ils aient été des délateurs ou qu'ils aient commis eux-mêmes des meurtres ou des actes de torture.

Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : "Terechtstelling Pelzer JL. 24/03/1948 (Bron De Bruyne E - Riemst)"
L'évolution de l'octroi des grâces

Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Non légendée
Légende Web : Le dossier de grâce contient un ou plusieurs rapports et avis. Ces rapports donnent souvent des informations concises, mais à la fois extrêmement complètes, sur les individus, le contexte et les conséquences de la condamnation, une évaluation du comportement du condamné et le résumé de l'exécution de la peine. On retrouve enfin l'arrêté, dans ce cas une suspension de 5 ans de la peine d'emprisonnement, en dépit de l'avis négatif de la justice militaire.
Néanmoins, on constate une nette évolution dans l'octroi des grâces. Ceux condamnés à mort très rapidement ont moins de chance d'en bénéficier que ceux dont la condamnation est intervenue ultérieurement. Ainsi, pendant les deux premiers mois qui suivent la Libération, la Belgique fait exécuter une vingtaine de personnes dont le seul crime est d'avoir porté des armes. Pas beaucoup plus tard, cette catégorie s'en sort avec seulement une peine de vingt ans. À l'inverse, plusieurs dirigeants de la collaboration et auteurs de délits majeurs échappent à l'exécution parce qu'ils ne comparaissent que tardivement. Leur grande chance est que la Belgique décide, à partir de 1950, de commuer chaque peine capitale en détention à vie. Finalement, la plupart quittent même systématiquement la prison à partir de la fin des années cinquante.
Nombre de peines de mort prononcées et d'exécutions durant la répression
Bibliographie
Aerts, Koen. “De Kroon Ontbloot. Genadeverlening Bij de Doodstraf Tijdens de Zuiveringen Na de Tweede Wereldoorlog.” Cahiers d’Histoire Du Temps Présent/Bijdragen Tot de Eigentijdse Geschiedenis, no. 17 (2006): 15–47.
Aerts, Koen. “La Peine de Mort Dans La Belgique d’après-Guerre: Un Sacrifice Symbolique (1944-1950) ?” Histoire et Mesure 13, no. 1 (2008): 191–204.
Vanhaelewyn, Mathieu. De Laatste Salvo’s: Het Verhaal van de 242 Vergeten Executies in België (1944-1950). Gent: Borgerhoff & Lamberigts, 2016.