Belgique en guerre / Articles

Abandon de poste

Thème - Collaboration

Auteur : Wouters Nico (Institution : CegeSoma)

La fuite de dizaines de milliers de fonctionnaires et mandataires belges en mai 1940, qui – ce faisant – enfreignent la loi.

Le contexte

La loi concernant les devoirs des fonctionnaires en temps de guerre (la 'loi Bovesse' du 5 mars 1935) impose à la plupart des fonctionnaires et mandataires belges de continuer à exercer leurs fonctions en cas d'invasion ennemie, dans l'intérêt de la population et conformément à la Convention de La Haye. Près de deux millions de Belges prennent la fuite lors de l'invasion allemande. Parmi eux, des dizaines de milliers de responsables politiques et administratifs. Le phénomène touche particulièrement le niveau local et provincial : les mandataires
politiques, les fonctionnaires communaux, les pompiers et les policiers s’enfuient. La population n'apprécie guère leur conduite. Elle s'estime alors abandonnée par ses dirigeants et par le gouvernement qui a également quitté le pays.

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Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : En colonnes sans fin, les populations civiles en fuite.

Les conséquences

L'abandon de poste affaiblit l'administration belge de deux façons. Première conséquence : souvent, l'absence des responsables publics se prolonge. En deuxième lieu, les secrétaires généraux lancent en juin 1940 des enquêtes disciplinaires contre tous les fonctionnaires et les responsables qui ont pris la fuite. Ils doivent venir expliquer devant une commission d'enquête les raisons pour lesquelles ils ont quitté leur poste, et selon quelles modalités. Le jugement des autorités belges sera généralement empreint de clémence. Seule une très petite minorité des contrevenants est effectivement contrainte à la démission.  

Contrairement à ce que l’on pense souvent, les Allemands ne se servent pas des abandons de poste du mois de mai pour entamer, en 1940, une épuration systématique. Ils persistent toutefois à y voir un signe de non-fiabilité (politique). L'abandon de poste reste donc, pendant toute la durée de l'Occupation, un facteur important de la politique de licenciement et de nomination.

Bibliographie

Wouters, Nico, Oorlogsburgemeesters 40/44: lokaal bestuur en collaboratie in België, Tielt, Lannoo, 2004.

Peters, Kirsten, « Les abandons de poste dans la magistrature lors de la Seconde Guerre mondiale » in Cahiers d’Histoire du Temps Présent/Bijdragen tot de Eigentijdse Geschiedenis, 24 (2011), 163‑86.


Pour en savoir plus...

32722.jpg Articles Secrétaires généraux Wouters Nico
30427.jpg Articles Infiltration Wouters Nico
Pour citer cette page
Abandon de poste
Auteur : Wouters Nico (Institution : CegeSoma)
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