La nomination de membres de partis issus de la collaboration, surtout du Vlaams Nationaal Verbond (VNV) et de Rex, dans l'appareil administratif belge.
En 1940, l'occupant allemand choisit de collaborer avec l'establishment belge. Néanmoins, le VNV enregistre dès 1940 des succès importants : les nominations de Victor Leemans (secrétaire général du ministère des Affaires économiques), de Michiel Bulckaert (gouverneur de Flandre occidentale), de Gerard Romsée (secrétaire général du ministère de l'Intérieur), de Paul Beeckman (chef du Commissariat aux prix et salaires), de Piet Meuwissen (chef de la CNAA) et de Frits Hendriks (chef de ce qui allait devenir l'Office national du travail).
C'est seulement quand l'occupant perd sa confiance envers les administrateurs belges que le VNV et, par la suite, Rex bénéficient d'un appui systématique. L'ordonnance allemande contre le vieillissement (7 Mars 1941) joue dans ce cadre un rôle essentiel.
Ce que veulent Rex et le VNV, c'est rien moins que la totalité du pouvoir. À en croire leur propre propagande, leur prise de pouvoir sert l'intérêt général. Eux seuls sont à même d'administrer de façon efficace et juste l'ensemble de la communauté populaire. Les deux partis s'identifient, en particulier, à l'organisation du ravitaillement.
L'infiltration se fait de manière fort déséquilibrée. Elle est surtout manifeste dans les administrations locales (les bourgmestres de guerre) et dans les nouvelles institutions publiques de type corporatiste (emploi et ravitaillement). L'infiltration dans les services d'ordre et dans l'appareil judiciaire restera, pour l'essentiel, lettre morte. Globalement, l'emprise des partis collaborationnistes sur l'appareil d’État en Belgique reste assez faible. Par contre, il est vrai que le VNV réussit mieux que Rex : ce dernier parti ne lance que fort tard ses trains de nominations.
En 1943, le VNV et Rex se heurtent à leurs propres limites. Ils n'ont pas suffisamment de membres bien formés pour occuper tous les postes vacants. Leurs adhérents sont également moins nombreux à s'enthousiasmer. Alors qu'en 1940, la perspective d'occuper une fonction administrative avait quelque chose d'exaltant, administrer est devenu en 1943 une charge que de moins en moins de collaborateurs sont prêts à assumer.
La plupart des fonctionnaires et mandataires qui ont collaboré avec l'ennemi sont condamnés pour collaboration politique. Leur collaboration administrative est considérée par la justice militaire comme un des éléments constitutifs de leur collaboration politique.
Bibliographie
De Wever, Bruno. Greep naar de macht: Vlaams-nationalisme en Nieuwe Orde: het VNV, 1933-1945. Tielt - Gent: Lannoo - Perspectief, 1994.
Verhoeyen, Étienne. Belgie bezet 1940-1944: een synthese. Brussel: BRTN, 1993.
Wouters, Nico. De Führerstaat: overheid en collaboratie in België (1940-1944). Tielt: Lannoo, 2006.
Wouters, Nico. Oorlogsburgemeesters 40/44: lokaal bestuur en collaboratie in België. Tielt: Lannoo, 2004. Brussel: BRTN, 1993.
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