Monument élevé à Dixmude à la mémoire des soldats flamingants tombés lors de la Première Guerre mondiale. Symbole de l'émancipation flamande. Lieu où se déroulent les pèlerinages de l'Yser.
La tour de l'Yser est construite à la fin des années vingt comme lieu de commémoration. À son pied se tiennent chaque année des pèlerinages qui revendiquent l'autonomie flamande et mettent en garde contre le risque de guerre. On y exige aussi une amnistie pour les activistes. Dans les années trente, ces pèlerinages passent sous la coupe d'un parti antibelge et d'extrême droite, le Vlaams Nationaal Verbond (VNV).
En 1940, Frans Daels - le président du comité qui gère la tour de l'Yser et organise les pèlerinages - accède à la direction du VNV. Il s'engage également en faveur du recrutement de soldats pour le front de l'Est. C'est un de ces combattants du front de l'Est qui prend la parole en 1943, lors d'un pèlerinage qui se tient en cercle restreint.
Le 16 mars 1946, la tour de l'Yser est dynamitée par des membres de la résistance, restés inconnus à ce jour. L'indignation que cet acte suscite dans les milieux flamingants donne un nouvel élan aux pèlerinages. Très vite, ceux-ci baignent à nouveau dans un climat antibelge et, à partir des années cinquante, on y réclame de plus en plus souvent d'amnistier les collaborateurs. Des organisations d'anciens résistants essaient de transformer le site de la tour de l'Yser en un symbole de la réconciliation belgo-flamande, mais en vain. Une nouvelle tour est édifiée et est inaugurée en 1965.
Les pèlerinages deviennent l'une des principales manifestations du mouvement flamand, rassemblant dans leurs meilleures années (les années septante) plusieurs dizaines de milliers de participants. En 1986, le Vlaamse Raad - sous l'impulsion du Christelijke Volkspartij (CVP) et de la Volksunie - reconnaît la tour de l'Yser comme 'Mémorial de l’Émancipation flamande'. À mesure que la Flandre gagne en autonomie suite aux réformes de l’État, les pèlerinages perdent de leur sens et attirent de moins en moins de monde. Le comité du pèlerinage s'efforce de contrer l'influence grandissante du Vlaams Blok/Vlaams Belang, un parti d'extrême droite, en prônant la tolérance et en présentant, en 2000, des excuses pour la collaboration nationaliste flamande pendant la Seconde Guerre mondiale.
Beck, A. « IJzerbedevaarten ». In Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, 1503‑17. Tielt: Lannoo, 1998.
De Wever, Bruno. « Diksmuide: de IJzertoren. Strijd om de helden van de Oorlog ». In België: een parcours van herinnering. 2: Plaatsen van tweedracht, crisis en nostalgie, édité par Johan Tollebeek, Geert Buelens, Gita Deneckere, Chantal Kesteloot, et Sophie De Schaepdrijver, 61‑71. Amsterdam: Bakker, 2008.
Seberechts, Frank. « ‘Slechts de graven maken een land tot vaderland’. Van Heldenhulde tot IJzertoren: een stenen hulde aan de Vlaamse IJzersoldaten ». In Duurzamer dan graniet : over monumenten en Vlaamse Beweging, par Frank Seberechts, 123‑54. Tielt: Lannoo, 2003.