Belgique en guerre / Articles

Mouvement flamand

Thème - Collaboration

Auteur : De Wever Bruno (Institution : UGent)

Avant la guerre, le mouvement flamand est devenu une force politique d'importance, au parlement comme en dehors de l'enceinte parlementaire ; il parvient ainsi à forcer l'adoption de lois linguistiques. L'Occupation met un terme à cette néerlandisation par la voie légale, puisque le parlement cesse d'exister. Les organisations et activités flamingantes qui ne plaisent pas à l'occupant sont interdites. Mais le nationalisme flamand pousse de nombreux flamingants à la collaboration.

Flamenpolitik et collaboration

La Flamenpolitik d'Hitler amène l'administration allemande à travailler de préférence, dans un premier temps, avec les membres du Vlaams Nationaal Verbond (VNV). Sous la pression de l'occupant, ils sont nommés à différentes fonctions administratives à tous les niveaux. Le parti connaît de ce fait un afflux de nouveaux membres venus d'organisations flamingantes. Les pèlerinages de l'Yser, qui se tiennent sous l'Occupation en cercle restreint, sont sous l'emprise du VNV de même que le Vlaams Nationaal Zangverbond, qui organise sous l'occupation les Vlaams Nationale Zangfeesten, fêtes du chant nationaliste flamand. Le Verbond van Vlaamse Oud-Strijders (VOS), une association d'anciens combattants flamands, s'engage dans la collaboration en étroite symbiose avec le VNV.

La lutte pour le contrôle de la culture flamande

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Institution : CegeSoma
Droits d'auteur : Droits Réservés
Légende d'origine : Cyriel Verschaeve.

En 1940, on crée un Vlaamse Cultuurraad (Conseil culturel flamand), composé de personnalités proches de l'Ordre nouveau. Mais ce Conseil n'a guère de poids politique, car ses pouvoirs sont purement consultatifs. Le VNV met en place des services culturels provinciaux. À partir de juin 1942, ces services sont chapeautés par un Service culturel interprovincial, qui a l'ambition de devenir une sorte de second ministère de la culture. La Duits-Vlaamse Arbeidsgemeenschap (DeVlag) organise également, avec l'appui des Allemands, des activités culturelles qui présentent la Flandre comme l'une des composantes du Reich grand-allemand.

L'impact de toutes ces initiatives est limité, parce que l'occupant ne veut pas leur conférer de monopole et entend provisoirement conserver les structures légales de la Belgique. Marcel Nyns, secrétaire général du ministère de l'Instruction publique, peut ainsi geler sous l'Occupation le processus de régionalisation entamé avant la guerre.

Le conflit linguistique

L'administration d'occupation entend faire appliquer strictement les lois linguistiques. Florimond Grammens, un flamingant dont l'engagement dans ce domaine est bien connu, est porté en décembre 1941  à la présidence de la Commission permanente de contrôle linguistique. Sa politique fait grimper le nombre d'élèves dans les classes néerlandophones à Bruxelles. La presse francophone proteste et l'occupant, surtout préoccupé de maintenir la paix et l'ordre, cesse d'appuyer la néerlandisation.

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Institution : CegeSoma
Collection : Sipho
Droits d'auteur : CegeSoma
Légende d'origine : De XXIIIe IJzerbedevaart - 23 augustus 1942. Leden van de NSJV aan de voet van de IJzertoren. [24/8/1942] [Frei gegeben durch zensur]

La fin de la Flamenpolitik

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Institution : CegeSoma
Collection : Sipho
Droits d'auteur : CegeSoma
Légende d'origine : Jef Van de Wiele (Leider van de DeVlag). [20/1/1942] [Frei gegeben durch zensur]

Les privilèges accordés aux nationalistes flamands atteignent leurs limites. Diverses causes en sont à l’origine, notamment l'essor politique de Léon Degrelle mais aussi la politique de l’occupant pour qui la stabilité des structures belges est plus importante que des questions linguistiques,  particulièrement à la lumière des priorités économiques.

Le VNV doit accepter que Rex soit placé, comme mouvement de collaboration francophone, sur le même pied que lui – d'autant qu'Hitler reconnaît désormais les Wallons comme étant des Germains. Les nationalistes flamands sont par ailleurs confrontés à l'opposition grandissante de la DeVlag, pour qui les Flamands sont des Allemands. Ce qui entraîne des protestations publiques et des dissensions internes au VNV.

Une répression anti-flamande ?

Le fait qu'une part importante du mouvement flamand ait collaboré avec l'occupant peut donner l'impression que la répression a été consciemment mise à profit pour neutraliser politiquement les flamingants, quels qu'ils soient. L'image d'une répression 'anti-flamande' est le produit d'une construction idéologique d'après-guerre, et d'une instrumentalisation permettant aux collaborateurs flamands de se présenter comme les victimes d'un État belge fondamentalement hostile aux Flamands.

Bibliographie

De Wever, Bruno. Greep Naar de Macht: Vlaams-Nationalisme En Nieuwe Orde: Het VNV, 1933-1945. Tielt - Gent: Lannoo - Perspectief, 1994.

Wils, Lode. Honderd jaar Vlaamse beweging. 3: Geschiedenis van het Davidsfonds in en rond Wereldoorlog II. Leuven: Davidsfonds, 1989.

De Schryver, Reginald, Bruno De Wever, and Gaston Durnez, eds. Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging. Tielt: Lannoo, 1998.


Pour en savoir plus...

260608.jpg Articles Vlaams Nationaal Verbond (VNV) De Wever Bruno
274144.jpg Articles Duits-Vlaamse Arbeidsgemeenschap (DeVlag) De Wever Bruno
283554 Articles Rex Conway Martin
285390.jpg Articles Flamenpolitik De Wever Bruno
Pour citer cette page
Mouvement flamand
Auteur : De Wever Bruno (Institution : UGent)
https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/articles/mouvement-flamand.html