Ne pas brusquer
En septembre 1941, les Allemands publient en Belgique une longue liste d'ouvrages littéraires indésirables. Il s'agit de s'opposer au désordre et aux provocations. Cette liste contient les noms d'auteurs belges et étrangers. Les Allemands entendent ainsi surtout contrer l'influence culturelle de la France. Pourtant, la politique du livre n'est pas très stricte pendant la Seconde Guerre mondiale en Belgique, en tout cas pendant les premières années de guerre. L'administration militaire se tient à distance de la vie culturelle et veut surtout utiliser la culture pour rapprocher Flamands et Allemands. De ce fait, on ne voit pas naître de circuit de livres de résistance, et des auteurs 'modernes', qui ne sympathisent d'ailleurs pas spécialement avec les Allemands (comme Johan Daisne, Louis-Paul Boon et Hubert Lampo), peuvent continuer à être publiés.
Un continuum de collaboration
La 'diplomatie culturelle' des Allemands peut s'appuyer sur des contacts littéraires existants. Des auteurs régionaux comme Ernest Claes, Felix Timmermans et Stijn Streuvels sont déjà très populaires en Allemagne avant la guerre et continuent d'y être lus. Leur thème de prédilection – l'attachement à la 'terre natale' – trouve un écho dans les thèses nazies du Blut und Boden. De Vlaschaard par exemple, le roman de Streuvels, fait l'objet pendant la guerre d'une adaptation cinématographique et est utilisé à des fins de propagande. D'autres auteurs flamands demeurent actifs pendant la guerre, comme Willem Elsschot, Maurice Gilliams et Gerard Walschap. Ces auteurs ne défendent pas l’idéologie national-socialiste. D'autres s'engagent davantage dans la collaboration culturelle : c'est le cas de Cyriel Verschaeve, de Filip de Pillecyn, de Wies Moens et de Blanka Gyselen, dont les œuvres se mettent au service de l'idéologie nazie.
Les affaires vont bien
L'industrie du livre vit un réel essor pendant la guerre en Flandre : la demande est importante car les gens ont besoin de plaisirs et de distractions. Les romans régionaux, ceux qui ont pour cadre la vie paysanne et les romans historiques, en particulier, connaissent un fort tirage. Comme l'importation de livres venus de France ou des Pays-Bas est pratiquement impossible, les imprimeurs et éditeurs flamands ont l'occasion de faire de bonnes affaires. Les auteurs flamands peuvent renforcer leur position sur ce marché.
Bibliographie
Bel, Jacqueline. « De Tweede Wereldoorlog ». In Bloed en rozen: geschiedenis van de Nederlandse literatuur 1900-1945, 845‑980. Amsterdam: Uitgeverij Bert Bakker, 2015
Beyen, Marnix. « Van Brunclair tot Peleman. Cultureel onderhandelen in bezettingstijd ». In Verbrande schrijvers : « culturele » collaboratie in Vlaanderen (1933-1953)., par Lukas De Vos, Yves T’Sjoen, et Ludo Stynen, 21‑38. Gent: Academia Press, 2009.
Bruinsma, Ernst. « Het boekbedrijf tijdens de bezetting in Vlaanderen ». In Inktpatronen: de Tweede Wereldoorlog en het boekbedrijf in Nederland en Vlaanderen, par Hans Renders, Lisa Kuitert, et Ernst Bruinsma, 22‑38. Amsterdam: De Bezige Bij, 2006.