Dès 1940, tous les éditeurs et les libraires doivent s’enrôler dans une corporation. Les importations de livres français et néerlandais sont contingentées ; aussi, les éditeurs publient-ils des écrivains nationaux et en profitent pour éditer à tour de bras tout et n’importe quoi.
Le papier est attribué par l’Office central du papier et comme la pénurie s’installe, il faudra bientôt le quémander auprès de la Propaganda-Abteilung (PA). Les collaborateurs obtiennent quelques facilités : ainsi le Leeuw van Vlaanderen tire à 200.000 exemplaires alors que la majorité des titres plafonne à 5.000 exemplaires.
A côté des éditeurs d’avant-guerre, de nouvelles maisons sont créées. Jeunes gens talentueux, margoulins avides et collaborationnistes convaincus envahissent le champ éditorial. Certaines maisons révèlent des écrivains, d’autres publient des auteurs poussifs et d’autres, enfin, propagent les idées d’Ordre nouveau. Dès 1943, tous les manuscrits sont soumis à la censure préalable, les livres sont alors marqués du visa de la PA.
Les éditeurs collaborent-ils tous ? Tous leurs livres portent une ‘petite mention qui n’a l’air de rien’ : « Autorisation PA ». Néanmoins certains résistent : celui-ci publie des livres allemands mais traduits par des Juifs, tel autre publie des auteurs honnis en Allemagne. Et que dire de ceux-là qui évoquent la résistance à l’oppression en 1795 ou la censure sous le duc d’Albe ? Et quid de la publication de ce jugement qui remet en cause la collaboration des secrétaires généraux ? Mais tous portent ‘cette petite mention qui n’a l’air de rien’ : « Autorisation PA ».
Aron, Paul, and José Gotovitch, eds. Dictionnaire de La Seconde Guerre Mondiale En Belgique. Bruxelles: André Versaille, 2008
Fincoeur, Michel. “Le ‘Réseau Rexiste’ Dans l’édition Sous l’Occupation Allemande (1940-1944).” In Les Réseaux Littéraires, by Daphné de Marneffe and Benoît Denis, 225–48. Bruxelles: Le Ciel/Le Cri, 2006.
Derycke, Gaston. “Vent d’Ouest. Les Demi-Vierges.” L’assaut, no. 12 (août 1944): 6.
