La guerre n’a pas interrompu l’activité littéraire. Livres et revues continuent de paraître, des prix sont attribués, et de nombreuses critiques paraissent dans les journaux. Le roman policier et la littérature pour la jeunesse se vendent bien. Toutefois la censure, et l’autocensure qui en résulte, la fermeture des frontières et l’idéologie nazie sont autant de facteurs qui placent les écrivains devant des choix et des responsabilités nouvelles.
Le choix du silence
Plusieurs écrivains ont décidé de s’abstenir. Albert Ayguesparse publie quelques poèmes. D’autres, comme Franz Hellens tente, de manière éphémère, de maintenir une activité littéraire (revue Le Disque vert, juillet 1941).
Il n’y a pas, en Belgique, de littérature de résistance. Contrairement à la France où la forte tradition littéraire, les choix politiques du Parti communiste et le maintien d’une zone libre ont permis l’émergence d’une très importante littérature clandestine (Aragon, Vercors…), la littérature, en Belgique, n’a joué aucun rôle dans la clandestinité.
Publier malgré tout ?
Dans le camp opposé, plusieurs journalistes et essayistes poursuivent leur métier dans les colonnes des journaux de la collaboration ou sur les ondes de l’Institut National de Radiodiffusion (INR). Autour de Raymond De Becker, l’équipe du ‘Soir volé’, et autour de Robert Poulet, celle du Nouveau Journal réunit des critiques comme Paul Werrie, et des auteurs désireux de publier leurs œuvres. Michel de Ghelderode lit des contes — mais aussi l’une ou l’autre tribune antisémite — à la radio ; Félicien Marceau(pseudonyme de Louis Carette) est actif dans les services d’information de l’INR en 1940 et 1941 et se tourne ensuite vers l’édition. Quelques jeunes écrivains peu connus (par exemple Serge Doring, Ruptures, Edition de la Phalange, 1943), publient des œuvres de collaboration ; elles seront oubliées après la guerre.
En fait, les positions des auteurs sont souvent ambivalentes et peu assumées comme politiques. Marie Gevers publie des récits dans Wallonie, ou un article dans Le Nouveau Journal où elle explique ingénument les influences allemandes qui ont comptées pour elle. Hergé (Georges Remi) dessine le banquier juif Blumenstein dont il accentue les traits présentés comme « juifs », en 1941-1942 (L’étoile mystérieuse) dans un journal pro-allemand.
Bibliographie
Aron, Paul, Dirk De Geest, Pierre Halen, and Antoon Vanden Braembussche. “Leurs Occupations : L’impact de La Seconde Guerre Mondiale Sur La Littérature En Belgique.” Bruxelles: André Versaille, 1997