Le Monde du travail figure parmi les premières feuilles clandestines du pays à avoir été éditées sous l’occupation allemande. L’initiative remonterait au 15 juin 1940… sous la forme d’un tract intitulé Résurrection. La démarche émane de l’aile gauche du Parti ouvrier belge de la région liégeoise. Deux noms sont intimement liés au projet : le député René Delbrouck (1903-1942) et le linotypiste Charles Rahier (1909-1996).
Diffusé dans les milieux proches des Jeunes Gardes socialistes, le clandestin adopte un ton révolutionnaire, très éloigné du « plat réformisme » du POB d’avant-guerre et des tentations « socialistes-nationales » à la De Man. Ses débuts sont modestes : stencylé durant ses 11 premiers numéros, il est alors tiré à environ 200 exemplaires. A partir de janvier 1941, il est imprimé et relayé par la mouvance socialiste hostile à l’occupant. Malgré l’arrestation de René Delbrouck en juin 1941, l’initiative se poursuit. Rahier reprend le flambeau. Mensuel au départ, le journal devient hebdomadaire. L’équipe s’étoffe. Le duo initial est rejoint par Fernand Dehousse, Jules Merlot, Léon-Eli Troclet, Théodule Gonda, etc.Son audience ne cesse de croître jusqu’à atteindre 30.000 exemplaires par numéro en mai 1944. Le ton devient aussi plus modéré tout en restant très marqué par l’antifascisme des origines. Son 88ème et dernier numéro clandestin, produit à 50.000 unités dans la nuit du 6 au 7 septembre, aurait été vendu « en deux heures ». Après la guerre, le journal devient l’édition liégeoise du Peuple. Il disparaît en 1980.
Jean DUJARDIN, Inventaire des publications périodiques clandestines (1940-1944) de la province de Liège, dans Cahiers d’Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n°1, 1967, p.68-69.
Monique EEMAN, Présentation et étude du contenu de deux journaux clandestins liégeois sous l’occupation allemande pour la période allant d’octobre 1942 à septembre 1944 (Le Monde du Travail et La Libre Belgique), Bruxelles, ULB, 1984-1985.
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