Belgique en guerre / Personnalités

Defonseca Raymond

Thème - Résistance

Auteur : Maerten Fabrice (Institution : CegeSoma)

Qui connaît encore le nom de Raymond Defonseca ? Pourtant, cet officier de police est, d’avril 1942 à février 1944, le chef du Mouvement national belge, une des principales organisations de résistance en Belgique occupée. La capacité de ce patriote dévoué au gouvernement belge de Londres à diriger et à organiser le groupement contribue largement à son extension à l’ensemble du pays et à son efficacité dans les multiples activités qu’il développe. Defonseca paie son dévouement à la lutte contre l’occupant par une détention éprouvante et une santé détériorée qui entraînent son décès prématuré. 

Une jeunesse marquée par la Première Guerre mondiale

Né à Mons le 5 juillet 1904, Raymond Defonseca vit la Première Guerre mondiale à Knokke. Son père et ses deux frères aînés prennent part aux combats au sein de l’armée belge. Revenu invalide de guerre, son père décède peu après le conflit. En septembre 1930, Raymond Defonseca épouse Gabrielle Deckers. Il est alors mécanicien de profession. Deux enfants, nés respectivement en 1931 et 1932, viennent rapidement agrandir la famille. En août 1932, cette dernière quitte Knokke pour s’installer à Saint-Gilles, où Raymond intègre la police communale. Lorsque la guerre éclate, il y est commissaire-adjoint. Ayant reçu l’ordre de gagner le sud-ouest de la France, il est bloqué à Berck-sur-Mer où il participe au maintien de l’ordre et à l’organisation des comités de ravitaillement aux réfugiés. De retour à Saint-Gilles dès juin 1940, il reprend son service à la police.

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Institution : CegeSoma/Archives de l'Etat
Collection : La Voix des Belges, 11 juillet 1948, p. 5
Légende d'origine : Raymond Defonseca, s.d.

Un grand patron de la Résistance

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Institution : CegeSoma
Légende d'origine : La Voix des Belges n°1, 10 août 1941

Recruté dès les premiers mois de 1941 par un de ses collègues policiers dans le Mouvement national belge en formation, Raymond Defonseca est appelé vers octobre 1941 à rejoindre le bureau national de l’organisation. En janvier 1942, il devient l’adjoint du chef national, Camille Joset, avant de lui succéder après son arrestation en avril 1942. Dès sa prise de fonction, il veille à la continuité du journal clandestin du groupement, La Voix des Belges, et au développement de la récolte de renseignements au profit des autorités belges et alliées à Londres via un partenariat fructueux avec le réseau Mill. Dans le même temps, il fait constituer des milliers de dossiers à charge de collaborateurs en vue d’une épuration dans l’immédiat après-guerre. En 1943, il étend les activités du mouvement à la recherche, l’hébergement et l’évacuation d’aviateurs alliés en coopération avec la ligne d’évasion Comète. Plus d’une centaine d’aviateurs sont ainsi pris en charge avant d’être remis à Comète pour être acheminés vers le monde libre. La même année, il encadre la mise en place de structures de soutien aux familles des prisonniers politiques du groupement ainsi qu’aux réfractaires au travail obligatoire. Dans le même temps, il lance l’édition de nouveaux organes clandestins du mouvement. Enfin, à l’été 1943, il entre en contact direct avec les émissaires du gouvernement belge de Londres Philippe de Liedekerke et André Wendelen, ce qui permet à son groupement d’obtenir du matériel de sabotage parachuté en vue d’une intensification de l’action dans ce domaine entamée précédemment à une échelle réduite. Mais l’arrestation en février 1944 de Raymond Defonseca et de ses principaux adjoints affaiblit considérablement le Mouvement national belge à quelques mois de la libération du pays.  

L’épreuve de la répression

Déjà détenu comme otage du 8 septembre 1942 au 13 novembre 1942, puis comme suspect du 26 février 1943 au 30 mars 1943, Raymond Defonseca juge plus prudent de gagner la clandestinité à partir d’août 1943. Souffrant de plus en plus de troubles digestifs liés notamment à l’alimentation défectueuse reçue en prison, il est contraint à une intervention chirurgicale d’urgence en décembre 1943. Il est à peine remis de l’opération lorsqu’il est arrêté le 17 février 1944. Pendant six mois, isolé de tous à la caserne Sainte-Anne à Laeken, il subit de la part de l’Abwehr de graves sévices, mais ne révèle rien des secrets de l’organisation. Transféré à la prison de Saint-Gilles le 1er août 1944, il est libéré du « train fantôme » en partance pour l’Allemagne le 3 septembre 1944.

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Institution : https://www.trainworld.be/fr/actualites/detail/septembre-1944-un-train-fantome
Collection : trainworld.be
Droits d'auteur : Droits réservés
Légende d'origine : Septembre 1944, un train fantôme

Des lendemains douloureux et trop courts

Après la Libération, Raymond Defonseca est détaché à la Sûreté de l’Etat comme commissaire principal jusqu’au moins 1948. Le 30 août de la même année, il perd son épouse emportée par une longue maladie. Celle-ci l’avait épaulé dans le combat clandestin et avait été détenue à la prison de Saint-Gilles du 17 février 1944 au 13 mai 1944. Elle avait d'ailleurs été reconnue comme agent de renseignement et d'action et prisonnière politique. Sans doute en 1949 et au plus tard en 1951, Raymond Defonseca réintègre son poste de commissaire-adjoint à la police de Saint-Gilles. Il meurt inopinément le 6 février 1956. Reconnu prisonnier politique et résistant par la presse clandestine, il obtient le grade de colonel dans la résistance armée et de capitaine dans les services de renseignements et d’action. Pourtant, rien ne semble rappeler son souvenir dans l’espace public. 

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Bibliographie

C.J., « Le Colonel Raymond Defonseca. Notre cher Marius », in La Voix des Belges, 11 juillet 1948, p. 5-6.

Dujardin, Jean, « Le Mouvement National Belge. Activités dans le domaine du renseignement et de l'action 1941 - février 1944 », in  Cahiers d'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale, n°2, 1972, p. 9-77, spécialement p. 15, 31-36, 54 et 62-65.

Tytgat, Fr., « Le colonel Defonseca n’est plus », in La Voix des Belges, mars 1956, p. 1.

La Voix des Belges, consultation complète en ligne, https://warpress.cegesoma.be/n...

Voir aussi

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165130.jpg Articles Répression allemande Roden Dimitri
Pour citer cette page
Defonseca Raymond
Auteur : Maerten Fabrice (Institution : CegeSoma)
https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/personnalites/defonseca-raymond.html