Achille Van Acker (1898-1975) (Parti Socialiste Belge, PSB) dirige entre février 1945 et février 1946 deux gouvernements d'union nationale.
La répression de la collaboration atteint sa vitesse de croisière et devient un enjeu politique. Les poursuites engagées contre les collaborateurs économiques inquiètent les entrepreneurs et compliquent le redressement de l'économie, que Van Acker juge prioritaire. Au printemps 1945, le retour d'Allemagne des prisonniers politiques et de ceux qui ont été contraints d'y travailler rallume la colère populaire à l'encontre des collaborateurs, et conduit à des internements à grande échelle.
Van Acker entre en conflit avec l'auditeur général Ganshof van der Meersch auquel il reproche sa sévérité, en particulier envers les collaborateurs économiques. Pour amener les auditeurs militaires à tempérer leurs ardeurs et pour réduire le nombre des poursuites, le gouvernement promulgue en mai 1945 un arrêté-loi qui donne une interprétation limitative de ce qu'est la collaboration économique. L'arrêté-loi du 19 septembre 1945 fait naître l'épuration civique. Celle-ci permet de retirer, sans qu'il y ait eu condamnation, leurs droits civils et politiques à ceux qui se sont rendus coupables de faits de petite collaboration, essentiellement politique. Ceux qui figurent sur la « liste de l'auditeur militaire » ne peuvent donc pas participer aux premières élections parlementaires d'après-guerre, en février 1946.
Conway, Martin. The Sorrows of Belgium : Liberation and Political Reconstruction, 1944 - 1947. Oxford University Press, 2012.
