Indignée par la stigmatisation des Juifs
Andrée Geulen (née en 1921) grandit à Bruxelles dans une famille bourgeoise libérale. Elle fait des études pour devenir enseignante et commence à travailler dans une école primaire bruxelloise en 1942. Jusqu'au moment où elle est confrontée dans sa classe à des enfants portant l’étoile jaune, elle n'a pas conscience des différentes ordonnances antisémites déjà en vigueur à cette époque dans la Belgique occupée.
Indignée par la stigmatisation que représente l'étoile jaune, Andrée demande à ses élèves de porter un tablier par-dessus leurs vêtements afin que celle-ci ne soit plus visible. Finalement, Andrée voit ses élèves juifs disparaître un à un de sa classe, à mesure qu'ils sont arrêtés avec leurs parents.

Légende d'origine : Andrée Geulen (à droite) et Ida Sterno après la libération en 1944. C’est à la demande d’Ida Sterno qu’Andrée Geulen rejoint le Comité de Défense des Juifs.
Cacher des enfants

Droits d'auteur : Kazerne Dossin - Fonds Geulen
Légende d'origine : Andrée Geulen durant l'occupation
Au printemps 1943, à la demande d'Ida Sterno, qu'elle connaît par l'école où elle enseigne, Andrée rejoint le Comité de Défense des Juifs (CDJ). Andrée devient l'une des engagées non juives de la section enfants du CDJ. Sa tâche consiste à contacter des familles juives, à les convaincre de se séparer de leurs enfants, à fournir à ces derniers une fausse identité et à les accompagner jusqu'à leur cachette. Du printemps 1943 à la libération en septembre 1944, Andrée accompagnera au total plus de 300 garçons et filles juifs vers leurs cachettes.
Un engagement durable
Après la libération, Andrée reste engagée dans la communauté juive en Belgique. Elle œuvre au sein de l'Aide aux Israélites Victimes de la Guerre (AIVG), qui succède au CDJ et apporte une aide sociale aux victimes juives de la guerre. Elle reste également en contact avec les enfants qu'elle a aidés à cacher. En 1948, elle épouse Charles Herscovici, un Juif d'origine roumaine dont les parents ont péri à Auschwitz. Le couple continue à s'engager ensemble pour la cause démocratique, pacifiste et antiraciste. En 1989, Andrée Geulen-Herscovici reçoit de l'État d'Israël le titre de Juste parmi les nations. Elle décède en 2022. En 2024, les communes d’Ixelles et d’Uccle débaptisent la rue Edmond Picard et lui donnent le nom d’Andrée Geulen.

Collection : Fonds Suzanne Moons et Andrée Geulen
Droits d'auteur : Kazerne Dossin
Légende d'origine : Andrée Geulen (à gauche) et Ida Sterno, co-fondatrices de la section "enfants" du Comité de Défense des Juifs.

Légende d'origine : 2 pages du carnet de notation dans lequel les pseudonymes et les adresses secrètes des enfants étaient notés.

Légende d'origine : Rue Edmond Picard rebaptisée Rue Andrée Geulen en 2024, Ixelles.
Bibliographie
VROMEN, Suzanne. Hidden Children of the Holocaust: Belgian Nuns and their Daring Rescue of Young Jews from the Nazis. New York, Oxford University Press, 2008.
Un simple maillon est un film (de Frédéric Dumont et Bernard Balteau) de 2002 dans lequel Andrée Geulen, ainsi que quelques personnes Juives qui furent cachées par le Comité de défense des Juifs étant enfants, racontent leur histoire. Le film peut être visionné ici.