Le terme ‘accommodation’ désigne les comportements d’une majorité de la population qui s'adaptent à l'Occupation et à sa complexité, dans une zone grise distincte de la collaboration et de la résistance.
Le terme a été utilisé pour le première fois par l'historien néerlandais Ernst H. Kossmann. Il entendait souligner la faculté d'adaptation et l'obéissance dont avaient fait preuve les pouvoirs publics et les entreprises en Belgique et aux Pays-Bas, convaincus que résister sous l'Occupation allemande n'avait aucun sens. Ce qui impliquait aussi de détourner son regard, par exemple, des persécutions dont étaient victimes les Juifs. L'historien suisse Philippe Burrin a ensuite employé ce terme pour l'appliquer à la France de Vichy. Il distingue différentes catégories (morales). L' ‘accommodation ‘ dite ‘opportuniste’ (les entreprises, par exemple, qui réalisent de gros bénéfices) peut, selon lui, se confondre avec la collaboration.
Le terme peut être utilisé pour les élites et les entreprises, mais aussi pour l'ensemble de la population. Désignant un comportement qui rejette à la fois résistance et collaboration, le terme d' ‘accommodation’ recouvre potentiellement l'immense majorité de la population. Il peut donc porter sur la 'politique du moindre mal' administrative ou économique, mais aussi sur les stratégies individuelles de survie au quotidien comme la recherche de nourriture, de vêtements, de chauffage et de sécurité. Survivre sous l'Occupation c'est, en effet, adopter de nouveaux comportements : petits délits, goût du secret, nouvelles relations sociales, troc et, de façon générale, une culture de 'petits arrangements' mutuels.
Moralement, l'accommodation a quelque chose d'ambigu. L'immense majorité de la population récuse la collaboration, mais n'opte pas davantage, dans les faits, pour la résistance. Dans la vie de tous les jours, on se plie aux nouveaux rapports de forces. L'accommodation signifie donc aussi qu'on accepte certains excès du système en place.
Le point essentiel est qu'il s'agit d'un terme dynamique. On s'adapte en effet à un contexte qui ne cesse de changer. L'accommodation change donc aussi au moment où les Allemands commencent à perdre la guerre.
Gérard-Libois, Jules, and José Gotovitch. L’an 40 : La Belgique Occupée. Bruxelles: CRISP, 1971.
Kossmann, Ernst Heinrich. De Lage Landen 1780 - 1980: Twee Eeuwen Nederland En België. 2: 1914 - 1980. Amsterdam: Elsevier, 1986.