Tandis que, le 30 septembre 1940, la Propaganda-Abteilung (PA) interrompt la publication de La Nation belge pour ‘germanolâtrie’ contreproductive, elle autorise la naissance du Nouveau Journal. Celui –ci se profile comme le porte-parole d’un ‘fascisme occidental’ à visage distingué. Cette initiative est inspirée par le tandem Paul Colin-Robert Poulet. La feuille paraît le 1er octobre 1940. Son tirage s’avère vite honorable sans être extraordinaire : une cinquantaine de milliers d’exemplaires, lus plutôt par un milieu bourgeois.
Colin est parvenu à réunir sous sa houlette le ‘gratin’ de la collaboration intellectuelle francophone : Robert Poulet (rédacteur en chef), Paul Herten, Gaston Derijcke, Paul Werrie, Pierre Hubermont, Baudouin Van den Branden de Reeth, Guido Eeckels (pour les ‘Lettres flamandes’) et Pierre Daye (politique étrangère). Le baron de Launoit aurait été à l’origine des fonds de financement de cette feuille, mais certains ont avancé les noms du banquier Charles Fabri, voire d’Albert Devèze et du comte Lippens, notabilités libérales.
Si le quotidien est longtemps une bonne affaire, le ralliement de Colin aux positions extrémistes de Degrelle en janvier 1943 provoque une crise et le départ de Robert Poulet. La mort violente de Colin, abattu en avril 1943, n’arrange rien. Le nouveau directeur, Paul Herten, ne peut empêcher le lent déclin du tirage. En septembre 1944, la feuille disparaît. Herten devra rendre des comptes. Condamné à mort, il est exécuté le 13 novembre 1944.
De Bens, Els. De Belgische Dagbladpers Onder Duitse Censuur (1940-1944). Antwerpen: De Nederlandsche boekhandel, 1973.