Félicien Marceau (1913-2012) joue un rôle important dans la vie littéraire de son pays jusqu’en 1943. Deux romans (Le péché de complication, 1942; Cadavre exquis, 1942) et un essai (Naissance de Minerve, 1943) sont signés de son patronyme. Journaliste dans la presse écrite, il travaille à l’Institut National de Radiodiffusion (INR) au début de la guerre. Sur Radio Bruxelles, en 1940, il propose de nouvelles émissions comme un hommage au poète Auguste Marin (mort pendant les combats en 1940), une chronique dramatique, une chronique de cinéma, et une série d’interviews sur l’exode et la vie quotidienne en Belgique occupée.
Participant pleinement à l’esprit de normalisation voulu par l’occupant, ces émissions sont condamnées après la guerre comme faits de collaboration. Carette crée ensuite les Éditions du Houblon où paraissent notamment les œuvres de Michel de Ghelderode.
Condamné en 1946, par contumace, il prend le nom de plume de Félicien Marceau et devient en France un romancier et un auteur de théâtre à succès (Capri, petite île, 1951). Naturalisé français en 1971, il reçoit plusieurs prix littéraires importants (Prix Goncourt en 1969 pour son roman Creezy; Prix littéraire Prince-Pierre-de-Monaco pour l’ensemble de son œuvre en 1974) et est élu à l’Académie française le 27 novembre 1975. Son essai autobiographique Les années courtes (1968) décrit d’une plume alerte le ‘roman de formation’ d’un jeune catholique convaincu et doué. La période de guerre est traitée en une soixantaine de pages; un post-scriptum fait état de sa condamnation, de ses sentiments envers son pays d’origine et surtout de sa naturalisation française qui lui a «permis de m’insérer officiellement dans ce pays qui, pour tant de raisons, était déjà ma patrie».
Aron, Paul, and Cécile Vanderpelen-Diagre. Vérités et Mensonges de La Collaboration : Trois Écrivains Racontent “Leur” Guerre (Raymond De Becker, Félicien Marceau, Robert Poulet). Bruxelles: Labor, 2006.
