Suite à l’absence de la famille Rossel, propriétaire du quotidien Le Soir, lors de l’invasion de la capitale, le journal se retrouve sous séquestre allemand avec pour curateur un agent de la Propaganda-Abteilung (PA). Les installations et le titre du journal sont loués le 11 juin 1940 à Xavier Mauromati.
Le Soir reparaît dès le 14 juin 1940 mais Mauromati tombe rapidement en disgrâce et est remplacé par un homme de lettres, Horace Van Offel. De retour en Belgique, les propriétaires du titre essayent en vain de négocier un modus vivendi avec l’occupant.
Dès l’automne 1940, la feuille, tombée sous le coupe d’un intellectuel rallié à l’Ordre nouveau, Raymond De Becker, passe au regard du public pour ‘Le Soir volé’. De Becker lui donne une ligne relativement modérée et belgiciste. Son équipe rédactionnelle tient la route : on y rencontre des personnages inquiétants (Paul Ruscart, Max Hodeige) mais aussi des valeurs sûres (Pierre Daye, le caricaturiste Jam, Hergé,…). Le quotidien diffuse 278.855 exemplaires en novembre 1940 et se maintient à plus de 260.000 deux ans plus tard.
Après le discours de Degrelle sur «la germanité des Wallons» (janvier 1943) et les défaites de l’Axe qui se multiplient, De Becker manifeste de plus en plus ses réticences. Le 3 septembre 1943, il en vient à reconnaître devant son comité rédactionnel l’échec de la collaboration. Démis le 4 octobre, il est remplacé comme rédacteur en chef par Max Hodeige -un agent SS- et est expédié en résidence forcée. Dès lors, ‘Le Soir volé’ décline peu à peu, jusqu’à sa disparition en septembre 1944.
De Bens, Els. De Belgische Dagbladpers Onder Duitse Censuur (1940-1944). Antwerpen: De Nederlandsche boekhandel, 1973.
“Belgian War Press.” Belgian War Press, n.d.
