Volk en Staat

Volk en Staat est la continuation du quotidien De Schelde, porte-parole anversois du Frontpartij, une formation nationaliste flamand. Herman van Puymbrouck occupe le poste de rédacteur en chef depuis la fin de l'année 1933. Il détient également une partie des actions de la SA De Schelde, société éditirice du journal. Lorsqu’en 1934, van Puymbrouck adhère au VNV, De Schelde devient favorable à la cause de ce parti. Il résiste cependant à la prise de contrôle de la direction de la VNV sur le quotidien et poursuit sa propre ligne éditoriale, ce qui provoque régulièrement des tensions.

Lorsque De Schelde est rebaptisé Volk en Staat le 15 novembre 1936, les relations sont au plus mal. L'article introductif du nouveau titre précise que Volk en Staat ne doit pas être considéré comme l'organe de la VNV. Bien que, comme la VNV, le journal intègre la devise "une langue, un peuple, un Etat pour le solidarisme national thiois", "la VNV ne doit pas nécessairement être d'accord sans réserve avec la manière dont nous défendons sa politique".

Les reportages sur le Troisième Reich et le national-socialisme constituent une pierre d'achoppement particulière. Volk en Staat fait une propagande non dissimulée en faveur du national-socialisme allemand, à tel point que le VNV en subit des contrecoups sur le plan politique. L'admiration débridée de Van Puymbrouck pour le national-socialisme est liée au fait qu'il se met à la recherche de moyens financiers. Fin 1936, la SA De Schelde est au bord de la faillite. Van Puymbrouck recherche le soutien du ministère allemand de la Propagande (Promi) et du mouvement national-socialiste d'Anton Mussert. Le journal obtient une subvention mensuelle du Promi, qui acquiert également un contrôle par l’achat d’actions.

Au début de l'année 1937, le conflit entre le parti et le journal s'aggrave. L'aile modérée et catholique du VNV n'accepte pas que Volk en Staat soutienne sans critique le régime allemand dans son épreuve de force avec l'Eglise. Même dans les affaires de politique intérieure, le journal ne suit pas toujours la ligne du parti. Volk en Staat critique ainsi le soutien apporté par le VNV à Rex et Léon Degrelle lors de l’élection partielle d'avril 1937. Le chef du VNV, Staf de Clercq, est contraint d'entamer des négociations secrètes avec Robert Holthöfer, qui dirige un "bureau" basé à Essen et qui soutient des organisations aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg pour le compte du Promi. Il réussit à le convaincre d'abandonner Van Puymbrouck, arguant qu'une propagande trop ouverte en faveur de l'Allemagne nuit au VNV et donc à l'Allemagne elle-même, puisque le VNV en est un allié. Van Puymbrouck est remplacé comme rédacteur en chef à la fin de l'année 1937 par Antoon Mermans, considéré comme un pion de la direction de la VNV.

Volk en Staat devenant un journal purement partisan, ses ventes augmentent pour atteindre environ 10 000 exemplaires. De nombreux éditoriaux sont désormais rédigés par des dirigeants du VNV. Les informations relatives à l'Allemagne prennent une dimension plus modérée, même si la sympathie demeure. Le quotidien est fortement anti-français et suit une ligne hyper-neutraliste en ce qui concerne la position de la Belgique dans le conflit européen qui menace. Les subventions mensuelles de Promi se poursuivent et sont même augmentées de manière significative en janvier 1939, à hauteur d’un demi-million de francs au moins. Le soutien s'interrompt lorsqu'en juin 1939 lorsqu’une nouvelle législation belge rend punissable les financements en provenance de l'étranger à des fins de propagande. C'est en partie pour cette raison que les dirigeants de la VNV entrent en possession des actions de la SA De Schelde le 24 août 1939. Cette opération a été précédée de négociations avec le Promi. La Sûreté de l'État belge est partiellement au courant des relations entre De Clercq et le Promi, notamment du fait des rumeurs propagées par Van Puymbrouck à ce sujet. Du 17 janvier au 26 février 1940, Volk en Staat est interdit de publication, officiellement suite à la parution un article subversif de De Clercq.

Lors de l'invasion allemande du 10 mai 1940, Mermans et Karel C. Peeters (1903-1984), gérant-directeur de la SA De Schelde depuis 1939, sont arrêtés par la Sûreté belge et emmenés en captivité en France. Volk en Staat cesse de paraître jusqu'au 12 juin 1940, date à laquelle Jan Brans, avec l'appui des forces d'occupation, confisque les presses de Volksgazet et relance le journal. Brans a agi avec le soutien de De Clercq, qui craignait une manœuvre de Van Puymbrouck. Le premier mois, Volk en Staat a une forte connotation Grande-Néerlande ; les articles sur le VNV ne paraissent qu'à partir d'août 1940, lorsque le parti reçoit le feu vert des forces d'occupation. Le 16 août 1940, Mermans reprend ses fonctions après son retour de France. Brans devient rédacteur en chef intérimaire d'une édition B destinée aux intellectuels, tandis que Mermans dirige l'édition A à caractère plus populaire. À partir de juin 1941, il y a une double rédaction en chef. Lorsque Brans part en Espagne pour un reportage en mars 1944 et ne revient pas, Jeanne de Bruyn le remplace. Mermans suivait scrupuleusement les directives de la direction de la VNV et lui demandait toujours conseil pour chaque problème.

Volk en Staat apparaît donc comme le porte-parole du VNV pendant l'occupation. Il défend pleinement la politique de collaboration, dans laquelle le parti s'est engagé et fait de la propagande pour la collaboration dans toutes ses formes , y compris la collaboration militaire sur le front de l'Est. Le journal suit la propagande allemande dans tous ses aspects, notamment contre les Alliés et les Juifs. Dans le cadre d'une compétition acharnée pour la position de leader en tant que collaborationniste, il s'engage dans une bataille avec la SS pan-allemande et la DeVlag (Duits-Vlaamse Arbeidsgemeenschap). Dès lors, les rédacteurs en chef entrent régulièrement en conflit avec la censure allemande, notamment parce que l'interdiction de la propagande thioise n'est pas toujours respectée. En mai 1943, le rédacteur en chef Hector De Bruyne passe même plusieurs semaines derrière les barreaux pour avoir osé réclamer l'indépendance des petits États.

En partie grâce au soutien allemand, Volk et Staat connait une expansion pendant l'occupation. Le tirage atteint une moyenne de 40 000 exemplaires, les ventes sont élevées et ne baissent pas avant 1944. Les chiffres exacts de vente ne sont cependant pas connus.

Après la guerre, les membres de l’équipe rédactionnelle de Volk en Staat sont traduits en justice dans le cadre d'un seul procès. En décembre 1947, les plus importants d'entre eux sont condamnés à mort ou à une longue peine de prison pour collaboration par la cour militaire d'Anvers. Aucun n'a cependant été exécuté.