Les emprisonnements massifs entraînent vite la prise de conscience qu'il faut s’occuper des personnes incarcérées. Nombre d'entre elles sont remises en liberté sans condamnation. Aux yeux du gouvernement belge, celles qui restent enfermées doivent être "rééduquées" pour redevenir des citoyens à part entière et éviter de constituer à leur libération un groupe de parias dans la société d'après-guerre. Un service spécial au sein du ministère de la Justice se charge de leur reclassement. Ce Service de la rééducation, du reclassement et des tutelles, relevant de la Direction de l’administration pénitentiaire, voit le jour en novembre 1946. Jusque fin décembre 1952, il oeuvre dans trois domaines : la rééducation par le travail, le reclassement par l’enseignement et le suivi par des tuteurs.
Un dossier individuel est créé pour presque chaque détenu qui relève du Service de la rééducation, du reclassement et des tutelles. Toutefois, le volume et le contenu des dossiers individuels varient fortement. Parfois, le dossier est vide. On y trouve souvent un "Rapport sur requêtes ou propositions concernant des détenus". Ce document présente les faits reprochés, le lieu de détention, le tribunal qui a prononcé la peine, la date du jugement ou de l’arrêt, la peine encourue, la date de début de la peine, de l'(in)aptitude au travail de l’intéressé, l’appréciation du comportement et, enfin, un avis ou une proposition du directeur de la prison où l’intéressé est incarcéré. Grâce à ce dossier, les travailleurs sociaux et les tuteurs documentent les chances de rééducation et de reclassement.
Depuis 2009, les Archives générales du Royaume (AGR) à Bruxelles conservent les archives du Service de la rééducation, du reclassement et des tutelles comme deux fonds distincts : l’ensemble des 12 680 dossiers individuels et les archives administratives. Cette série de dossiers ne concerne que les activités des collaborateurs dans les centres d'internement ou les prisons et ne reflète pas le nombre de personnes mises sous tutelle après leur mise en libération conditionnelle.
Pour les dossiers individuels, il faut d'abord s'adresser aux AGR. Le personnel associe le nom du condamné au bon numéro de dossier grâce à un système de fiches. Les dossiers peuvent être consultés en salle de lecture sur rendez-vous, après signature d’une déclaration de recherche qui oblige le chercheur à respecter la législation relative à la protection de la vie privée.
