Les pouvoirs publics ne sont pas seuls à punir la collaboration : des organisations et associations privées (syndicats, partis politiques, organisations sportives, des cinéastes, l'Université Libre de Bruxelles) sanctionnent également leurs administrateurs, collaborateurs et même leurs membres qui, en fonction des normes de l'organisation, se sont compromis sous l'Occupation.
Ceux qui se trouvent dans ce cas peuvent être exclus (et donc ne plus exercer, pendant un certain temps, une activité déterminée), révoqués en tant qu'administrateur, licenciés ou encourir une sanction plus légère. Contrairement à la répression qu'exercent les autorités publiques, cette forme de punition n'est pas régie par la loi. Chaque organisation peut appliquer ses propres règles, qui ont souvent un caractère ad hoc. La portée est moindre que celle de la répression publique, laquelle peut potentiellement toucher chaque citoyen. L'épuration privée reste limitée aux rangs de chaque organisation. Dans le cas de la répression, la sanction est imposée par un organe juridique ; l'épuration privée passe par le jugement de pairs (par exemple d'autres administrateurs).
Il n'y a guère eu de recherches sur le sujet, mais on peut supposer que ce jugement ne s'appuie pas seulement sur des faits concrets, mais que le comportement global de l'intéressé est également pris en compte, et que la norme dont s'est doté le groupe sert, en l'espèce, de fil conducteur. Des considérations de nature idéologique jouent aussi un rôle : on attend par exemple de celui qui s'engage dans une organisation de gauche qu'il ait une attitude négative, de principe, face à l'occupant nazi. Pour l'association ou l'organisation, l'épuration est un moyen de rétablir sa légitimité après la Libération.
Bibliographie
Benvindo, Bruno. Henri Storck, Le Cinéma Belge et l’occupation. Bruxelles: Ed. de l’Université de Bruxelles, 2010.