Dans le code pénal allemand, celui qui, en temps de guerre, aide l’ennemi ou porte préjudice à l’armée allemande ou à ses alliés est passible de peine de mort ou de travaux forcés à perpétuité. Ce délit d’aide à l’ennemi est largement utilisé par l’occupant pour réprimer avec sévérité la résistance.
L’article du code pénal vise, dans un premier temps, la fourniture de nourriture ou d’armes à l’ennemi, le service dans une armée étrangère et l’aide aux prisonniers de guerre. Par ce biais, l’occupant s’en prend à ceux qui viennent au secours des soldats alliés. Il peut s’agir de soldats cachés en Belgique après la défaite de mai-juin 1940, évadés des camps de prisonniers ou rescapés d’avions abattus. Cette aide se traduit notamment par la mise en place de lignes d’évasion pour permettre à ces soldats de reprendre le combat en Grande-Bretagne.
La ligne Comète, par exemple, aide environ 800 personnes, principalement des aviateurs alliés ; plus de 350 d’entre eux sont acheminées en Angleterre. Mais environ 800 des quelque 3.000 acteurs du réseau sont arrêtés et près d’un quart de ceux appréhendés meurent exécutés ou, le plus souvent, dans les camps de concentration nazis.
Elsie Maréchal, Résistante active dans le réseau Comète : « avoir hébergé l'ennemi, il ne pouvait pas y avoir pire»(Jours de guerre, 19/05/1992, RTBF)
Peu à peu, le délit d’aide à l’ennemi concerne des formes de résistance de plus en plus variées, du logement d’un aviateur allié au sabotage en passant, par exemple, par la diffusion de la presse clandestine. Pour le juge, il suffit de montrer que les suspects ont, par leurs agissements, fourni un avantage militaire à l’ennemi ou nui aux intérêts allemands. Ce seul critère suffit pour condamner à mort ou à des peines de détention les personnes arrêtées.
Des milliers de résistants sont aussi envoyés sans jugement dans les camps de concentration nazis sur base de cette suspicion d’aide à l’ennemi.
D’Udekem d’Acoz, Marie-Pierre. Andrée de Jongh : Une Vie de Résistante. Bruxelles: Racine, 2016.