du Bus de Warnaffe Charles

Le vicomte Charles du Bus de Warnaffe, issu d’une vieille famille catholique de magistrats et de politiciens, est député de Bruxelles pour le Parti Catholique/PSC-CVP de 1934 à 1961. Entre 1934 et 1954, il est, à plusieurs reprises, membre du gouvernement, dont trois fois comme ministre de la Justice, notamment dans le cabinet Van Acker I, de février à août 1945.

Charles du Bus de Warnaffe étudie le droit à Louvain et à Princeton avant de devenir avocat. Parallèlement, il entame une carrière politique, initialement à l’échelle locale : il est conseiller communal à Bruxelles de 1928 à 1937, puis échevin de 1932 à 1934, avant d’entrer à la Chambre.

Durant l’entre-deux-guerres, il fait partie de la Fédération des Cercles, l’aile droite du Parti Catholique, alors appelé Union Catholique. Il participe activement à la réforme de ce parti, qui conduit en 1936 à la création du Bloc Catholique, réunissant la Katholieke Vlaamse Volkspartij et le Parti Catholique Social.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, du Bus de Warnaffe joue un rôle de premier plan au sein du groupe Moyersoen, qui prépare dès 1941 des réformes politiques pour l’après-guerre. Il plaide alors pour une refonte en profondeur du système politique afin de limiter l’influence du suffrage universel, une préoccupation ancienne au sein de la Fédération des Cercles. Il souhaite renforcer le pouvoir exécutif au détriment du Parlement et transformer le Sénat en une chambre d’inspiration corporatiste, tout en se démarquant du corporatisme politique intégral prôné dans les années 1930 par certains milieux catholiques conservateurs. En revanche, il continue de rejeter les principes fondamentaux du libéralisme politique.

Bus de Warnaffe se distingue comme ardent défenseur de l’enseignement catholique, tant dans les années 1930 que durant la deuxième guerre scolaire, sous le gouvernement socialiste-libéral de Van Acker. À cette époque, il préside le Comité national pour la Liberté et la Démocratie, qui fédère les forces chargées de défendre l’enseignement catholique contre les mesures gouvernementales. Achille Van Acker (1898-1975) ne lui est pas inconnu : en 1945 déjà, du Bus de Warnaffe est ministre de la Justice dans un gouvernement présidé par Van Acker, réunissant catholiques, socialistes, libéraux et communistes. À ce poste, il assume la responsabilité politique des décisions de grâce concernant les collaborateurs condamnés à mort. Aucun des dossiers soumis ne bénéficie de sa clémence. Sous son ministère, notamment, Irma Laplasse (1904-1945) est exécutée. En 1948, il dépose, avec plusieurs députés catholiques et libéraux, une proposition de loi visant à interdire les exécutions publiques, estimant que la presse en faisait un spectacle indécent. Le texte ne sera jamais adopté.

En 1952, du Bus de Warnaffe reprend la fonction de ministre de la Justice après la démission de Joseph Pholien (1884-1968). Ce dernier a dû quitter ses fonctions à la suite de polémiques autour de la grâce accordée à Richard De Bodt (1908-1975), ancien gardien SS au camp de Breendonk, condamné à mort par contumace mais extradé en 1951, et de la libération anticipée d’Adrien Emiel Van Coppenolle (1893-1975), ancien commandant de la gendarmerie nommé sous l’occupation et lui aussi condamné à mort.