Belgique en guerre / Articles

Assassinat de François Bovesse

Thème - Collaboration

Auteur : Balace Francis (Institution : ULG)

Personnalité libérale et militant wallon, François Bovesse (1890-1944) est gouverneur de la province de Namur en 1940. Avant la guerre déjà, il est la cible des caricaturistes rexistes. Pendant la guerre, les milieux de la collaboration continuent de s’en prendre à lui.

Bovesse, la cible des collabos

Début 1944, des membres de l’Algemene-SS Vlaanderen
casernés à Namur et une équipe de ‘contre-terroristes’ rexistes envisagent d’assassiner François Bovesse. Ils sont repérés par un résistant infiltré dans leurs rangs. Malheureusement, ce dernier interprète mal la phrase voulant que l’opération soit désormais «du ressort direct des SS». Elle dépend en réalité de membres de l’Ersatz de la SS-Wallonie, commandé par le lieutenant Bosquion, et non des SS flamands de la DeVlag casernés à Namur.

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Institution : KBR
Collection : Le Soir, 1 février 1944
Légende d'origine : Le Soir, 1 février 1944

Jean Bovesse, Fils de François Bovesse : « j'ai vu mon père sur son lit de mort » (Jours de guerre, 22/02/1994, RTBF)

Un assassinat-test

L’assassinat de Bovesse est, avant tout, un ‘assassinat-test’ pour mettre à l’épreuve la justice militaire allemande.

À la fin août 1943, trois assassinats, dont celui du député libéral Horrent, sont commis à Liège par des membres de la SS-Wallonie. La justice belge et les autorités militaires allemandes tentent d’incarcérer les coupables. L’un d’eux, Pirmolin, s’abrite derrière sa qualité de Waffen-SS, non justiciable de la Wehrmacht. De plus, la Dienstelle Jungclaus a indiqué vouloir couvrir les actes de représailles commis en Belgique par des SS en uniforme. L’assassinat de Bovesse est l’occasion de tester la véracité de ces dires.

Sous prétexte de venger les époux Gignot, abattus par des résistants, Bosquion monte un commando, avec trois Waffen-SS wallons (des ‘simples d’esprit’) dûment revêtus de l’uniforme, et trois membres du Département Sécurité et Information (DSI) commandés par Charles Lambinon.

A l’aube du 1er février 1944, Bovesse est abattu à son domicile. Volontairement, les pistes conduisent à l’Ersatz de Namur.  Un SS en uniforme est, par exemple, chargé de convoyer l’arme du crime à Bruxelles. Si la Feldgendarmerie l’intercepte, ce sera le test : l’auteur d’un acte de ‘contre-terrorisme’ est-il effectivement soustrait à la justice militaire allemande s’il est SS, comme l’a promis Moskopf, adjoint de Jungclaus ? Les suspects ne seront effectivement jamais inquiétés.

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Institution : CegeSoma
Collection : Presse Clandestine
Légende d'origine : Non légendée

Une justice d’après-guerre

Les suspects identifiés grâce aux bavardages de deux des SS membres du commando sont arrêtés après-guerre. Van Nimmen et Defaux sont fusillés à Namur le 1er juin 1946. Pirmolin, l’assassin de Liège, sans doute le ‘civil’ ayant tiré le coup fatal sur Bovesse, est passé par les armes à Liers en novembre 1946. Camille Bosquion, lui, est tué dans un mystérieux accident de voiture fin juin 1944 près de Rhisnes. Exécuteur des basses œuvres, très privées, de Léon Degrelle, il en savait trop. 

Bibliographie

Balace, Francis. “1er Février 1944, Mort de François Bovesse : Un Assassinat-Test ?” Jours de Guerre, no. 11-12–13 (1997): 113–40.


Pour en savoir plus...

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163820 Articles Parti Libéral D’Hoore Marc
Pour citer cette page
Assassinat de François Bovesse
Auteur : Balace Francis (Institution : ULG)
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