Les administrations communales jouent un rôle essentiel sous l'Occupation, mais de grandes tensions surgissent également suite à l'étouffement de la démocratie et à l'infiltration de collaborateurs.
Une adaptation difficile
Dès le début de l'Occupation, les administrations locales belges font l'objet de vives critiques. On les rend responsables des difficultés de ravitaillement. Cela conduit, dans la première moitié de 1941, à une série de réformes. La principale est la centralisation du pouvoir administratif entre les mains du bourgmestre et des échevins. On fusionne également sept agglomérations urbaines pour en faire chaque fois une seule ville. Pour Rex et le Vlaams Nationaal Verbond (VNV), les administrations locales sont le principal instrument concret de la nazification de la société. La prise de pouvoir politique des partis collaborationnistes est particulièrement forte et visible parmi les bourgmestres, et c'est surtout le cas en Flandre.
Compétences et impact
Sous l'Occupation, les administrations locales constituent le chaînon local dans l'organisation du ravitaillement (en ce compris tous les contrôles), l'emploi, l'aide sociale, l'ordre public et le contrôle de la vie publique au quotidien. D'une part, les administrations locales peuvent étendre leurs compétences et leur influence. De l'autre, elles sont placées sous la tutelle directe de l’occupant. Inévitablement, elles doivent mettre à exécution une partie de la politique centrale décidée par l'Allemagne. L'Occupation a également un impact dramatique sur les finances communales. En définitive, les choix individuels des bourgmestres, de la police communale et du personnel communal sont essentiels. Les administrations locales peuvent jouer un rôle d'intermédiaire dans les discussions avec l'occupant et obtenir ainsi des résultats positifs pour la population. Dans la deuxième moitié de l'Occupation, les administrations locales sont aussi à même de saboter discrètement certaines mesures de répression.
Local et central
La disparition du pouvoir (politique) central fait que les administrations locales doivent, en partie, reprendre le rôle de l’État. Cela est source de nombreuses difficultés. Les administrations locales sont abandonnées à leur sort et doivent décider elles-mêmes de la façon de réagir à certains ordres délicats de l'occupant allemand. Mais en 1943 et en 1944, les administrations locales s'avèrent être parfaitement capables de défendre les intérêts locaux et d'appuyer une société civile locale renouvelée. C'est dans cette résilience des administrations locales que se révèle un aspect essentiel de la force institutionnelle de l’État libéral belge.
Bibliographie
Wouters, Nico. De Führerstaat: Overheid En Collaboratie in België (1940-1944). Tielt: Lannoo, 2006.
Wouters, Nico. Oorlogsburgemeesters 40/44: Lokaal Bestuur En Collaboratie in België. Tielt: Lannoo, 2004.
Wouters, Nico. “Steden En Gemeenten.” In Knack Historia: België 40-45, edited by Bruno De Wever, Helen Grevers, Rudi Van Doorslaer, and Jan Julia Zurné, 78–85. Roeselaere, 2015.