Il s'agit, juridiquement, d'une forme de collaboration politique ; elle concerne généralement des fonctionnaires ou des personnes occupant des fonctions administratives qui se sont rendus coupables d'avoir enfreint l'un des articles du Code pénal punissant la collaboration.
Sous l'Occupation, de nombreux membres des partis de collaboration (à savoir le Vlaams Nationaal Verbond [VNV] et Rex) infiltrent l’appareil administratif. Ils sont en principe, en tant que dépositaires de l'autorité et fonctionnaires, tenus de respecter les lois belges. Mais en réalité, ce sont leurs convictions politiques qui priment. La direction de VNV comme celle de Rex soulignent qu'ils doivent demeurer des soldats du parti. Ils doivent obéir aux ordres de leurs chefs et de l'occupant allemand, en s'opposant parfois aux autorités belges. Ces partis espèrent, en apportant une contribution active à l'administration du pays, obtenir l'appui politique des Allemands. Ils espèrent aussi, à l'origine, pouvoir gagner la population au national-socialisme par ce biais.
Certains de ces fonctionnaires ou mandataires acquis à la collaboration n'ont pas la formation ni les compétences administratives requises. Mais surtout, ils n'ont aucune légitimité vis-à-vis de leurs collègues et de leurs subordonnés. En pratique, ils s'isolent de ceux d'entre eux qui ne collaborent pas. On voit ainsi naître des 'îlots collaborationnistes' au sein des administrations et des services publics belges.
La collaboration administrative s'exprime surtout en la personne des bourgmestres de guerre et dans des corporations comme la CNAA et l'Office national du travail. La gestion des informations est, sur ce point, un bon indicateur. Les fonctionnaires et mandataires collaborationnistes transmettent, aux services allemands d'ordre et de sûreté, des quantités énormes d'informations sur des adversaires politiques.
Il n'existe pas d'article particulier du Code pénal punissant la collaboration administrative. Il s'agit en l'espèce d'une forme de collaboration politique (à savoir 'la transformation des institutions du pays'). De ce fait, la collaboration administrative est inévitablement assimilée, lors de la répression d'après-guerre, aux actes administratifs accomplis par des collaborateurs politiques.
Verhoeyen, Étienne. Belgie bezet 1940-1944: een synthese. Brussel: BRTN, 1993.
Wouters, Nico. « Bestuur en aanpassing ». In Knack Historia: België 40-45, édité par Bruno De Wever, Helen Grevers, Rudi Van Doorslaer, et Julia Zurné, 38‑45. Roeselaere: Roularta Media Group, 2015.
Wouters, Nico. De Führerstaat: overheid en collaboratie in België (1940-1944). Tielt: Lannoo, 2006.