L'ordre local
La guerre marque profondément les polices communales, qui offraient en 1940 un visage contrasté. Elles évoluent vers plus de centralisation et vers une augmentation de leurs effectifs. Ces mesures accroissent l'efficacité des polices et permettent d'en assurer un meilleur contrôle. Elles découlent principalement des pressions allemandes et de l’impulsion des autorités collaborationnistes nationales. La Police Générale du Royaume (PGR), qui coordonne sous la direction du colonel Van Coppenolle les politiques d'ordre, prend dans ce but une importance particulière.
Après la guerre, la situation des polices communales redeviendra peu ou prou celle de 1940, les priorités des autorités se portant d'abord sur la gendarmerie et, dans une moindre mesure, sur la Sûreté de l'Etat.
L’action des policiers en territoire occupé
L'action des polices communales est variable, entre missions d'ordre traditionnelles et participation aux politiques répressives de l'Occupant.
La situation des policiers devient de plus en plus délicate avec le temps. Ils sont largement mis sous pression par l’Occupant, quant à leurs devoirs, notamment face à l’instauration du travail obligatoire, à la réglementation sur le ravitaillement ou face au risque que peut encourir tout Belge arrêté, si les Allemands venaient à se mêler de l’affaire. Le fait le plus symbolique de la collaboration policière est la contribution qu'apportent des polices aux rafles contre les communistes en 1941 (Liège) ou les Juifs en 1942 (à Anver notamment). Dans la seconde moitié de l’Occupation, avec la montée en puissance à la fois de la collaboration et de la résistance débouchant sur une violence accrue (attentats, représailles, exécutions sommaires), les policiers se trouvent au cœur des enjeux d’ordre et des conflits entre Belges d’une part, face aux Allemands de l’autre.
Leur situation est rendue d’autant plus difficile par les instructions évolutives qu’ils reçoivent de leur autorité politique (les bourgmestres) ou, en matière judiciaire, des magistrats. Elle est encore compliquée par les tensions inévitables pouvant apparaître entre policiers collaborateurs, résistants ou attentistes, notamment au sein des corps dont les autorités de tutelle étaient ouvertement d’Ordre Nouveau.
Faire face à la criminalité en temps de guerre : la police judiciaire
Le devenir de la police judiciaire pendant la guerre est moins connu que celui des autres polices. Elle dépend directement des procureurs du Roi, qui la protègent mieux des ingérences allemandes. Face à une hausse de la criminalité, les effectifs du corps augmentent et de nouvelles brigades sont constituées. Après-guerre, la police judiciaire participe activement à la répression de la collaboration, en fournissant notamment des cadres à la Sûreté de l'Etat.
Bibliographie
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Majerus, Benoît. Occupations et Logiques Policières : La Police Bruxelloise En 1914-1918 et 1940-1945. Bruxelles: Académie royale de Belgique, 2007.
Wouters, Nico. “Les Autorités Belges et La Persécution Des Juifs 1940-1942. Les Forces de L’ordre et La Police Des Étrangers Avant Juillet 1942.” In La Belgique Docile. Les Autorités Belges et La Persécutions Des Juifs En Belgique Durant La Seconde Guerre Mondiale, by Rudi Van Doorslaer, 349–98. Bruxelles: Luc Pire, 2007.