Dès le mois d'août 1940, le rexiste Antoine Leroy est nommé gouverneur du Hainaut en août 1940. Il est en partie responsable du nombre élevé de nominations de rexistes dans cette province.
Sénateur rexiste
Antoine Leroy (1876-1960) est ingénieur des mines. C’est un industriel actif sur le plan local à Eghezée. Lors des élections législatives de 1936, il est élu sénateur rexiste suppléant de l'arrondissement de Namur-Dinant-Philippeville. En janvier 1939, il succède à Louis Rhodius, décédé. Il n’est pas réélu lors des élections législatives d’avril 1939. Il ne semble plus avoir d'ambitions de carrière politique. Rex est en chute libre après 1938. Leroy, comme tant d'autres, paraît se distancer du parti.

Légende d'origine : Le Pays réel, 6 mai 1936, p. 3
Gouverneur de la province de Hainaut...et de celle de Namur

Légende d'origine : Le Pays réel, 6 décembre 1941, p. 3
L'occupation change la donne. En mai-juin 1940, Leroy assume brièvement le mayorat de la commune d'Eghezée. Le 17 août 1940, il est nommé gouverneur ad interim de la province de Hainaut. Le secrétaire général de l'Intérieur, Jean Vossen, le nomme à ce poste sous la pression des forces d'occupation. Selon une déclaration faite par Vossen après la guerre, les Allemands ont exigé un gouverneur rexiste en juillet 1940. Il était logique que cette exigence porte sur le Hainaut, la province où Rex détient clairement la position la plus forte. Leroy y reste gouverneur jusqu'en septembre 1944. De décembre 1941 à mars 1942, il est également gouverneur faisant fonction de la province de Namur. En 1941, une majorité rexiste s’installe également à la députation permanente, avec la présence des rexistes Edouard Bouillart (°1904), Henri Horlin (°1908), François Boveroulle (°1895), Louis Abrassart (°1896) et Joseph Pévenasse (°1900). Leroy est étroitement associé à la composition de la partie wallonne du cabinet de Gerard Romsée lorsque ce dernier devient secrétaire général de l'Intérieur (mars 1941).
Avec cette prise de pouvoir précoce, le Hainaut est pendant longtemps la seule province sous contrôle rexiste. Les conséquence en sont visibles: le Hainaut devient l’unique province wallonne où les nominations de rexistes sont comparables à celles du VNV dans les provinces flamandes.
La condamnation d'après-guerre
À la Libération, différentes plaintes sont déposées. Leroy a activement soutenu la nomination de bourgmestres rexistes en dehors du conseil communal. Il a fait pression sur les bourgmestres pour qu'ils coopèrent à l'approvisionnement en métaux non ferreux. Il a également appuyé la "juridiction administrative" réprimant les infractions aux règles en matière de ravitaillement. Il a dénoncé auprès des Allemands deux bourgmestres en tant que "saboteurs". Il a activement soutenu la création du Grand Charleroi et du Grand La Louvière. En juillet 1942, il a participé au "voyage d'études administratives" en Allemagne organisé par le Centre d'études des sciences administratives. Enfin, il a transmis les instructions du secrétaire général Romsée et d'Adriaan Van Coppenolle (chef de la Police générale du royaume, commandant national de la Gendarmerie) concernant la lutte contre la Résistance et la déportation des travailleurs.
Condamné à cinq ans de prison après la guerre, Leroy est libéré bien avant terme. Des circonstances atténuantes, comme son soutien aux otages arrêtés, sont prises en compte. Certains faits, comme la transmission aux Allemands de documents compromettants sur certains commissaires d’arrondissement, sont considérés sur le plan pénal comme ne relevant pas de "malveillance".

Légende d'origine : Vers l'Avenir, 21 mars 1946, p. 4
Bibliographie
Nico Wouters, Oorlogsburgemeesters 40-44. Lokaal bestuur en collaboratie in België, Lannoo, Tielt, 2004
Nico Wouters, De Führerstaat. Overheid en Collaboratie in België (1940-1944), Lannoo, Tielt, 2006